
heures de marche en plaine par une très-bonne roule.
Cette petite ville, de huit cents maisons environ, est le
chef-lièu d’un district situé sur l’extrême frontière,
du côté du Hérat. Elle est fermée par une muraille en
terre sans fossé, autour de laquelle s’étendent des jardins
et des cultures assez considérables; deux mille
trois cents tentes d’Iliates sont élevées près des montagnes
situées à deux farsangs au sud de Teurbet, et
l’impôt que ces gens-là payent au gouvernement est
le même que celui des Hézarèhs de Chehr-Noh. La
dernière partie du nom de cette ville lui vient du
fameux poète Djami, l’auteur du Béharislàne, qui vivait
au xV6 siècle de notre ère, et avait une grande
réputation de sainteté et de science théologique. L’on
accourt encore aujourd’hui de toutes parts en pèlerinage
vei's le tombeau de ce personnage, qui a la réputation
de faire des miracles, surtout celui de rendre
fécondes les femmes stériles. On trouve un caravan-
sérail-châh en dehors de Teurbet-Cheikh-Djam.
K a riz.—3 juin.—9 farsangs, treize heures de parcours
en plaine ; route unie, sablonneuse et solide.
Après les quatre premières farsangs, on arrive aux
ruines du village d’Abbas-Abad, situées à côté d’un
caravansérail-châh près duquel coule un filet d’eau ;
après cinq autres farsangs, on trouve Kariz, petit vil lage
de soixante maisons, fermé par une muraille, où
il n’y a place ni pour les voyageurs, ni pour les bêtes
de somme. Nous campâmes à dix minutes en deçà, près
d’un caravansérail-châh en partie ruiné, bâti à côté
d’un ancien village également en ruine qui avait été
construit sur une éminence très-élevée de terres rapportées.
Les melons de cette localité avaient anciennement
la réputation d’être les meilleurs de l’Asie, et on
les réservait pour les cours de Téhéran, de Kaboul et
de Delhi ; mais ce village ayant été détruit et dépeuplé,
vers la fin du siècle dernier, les melons cessèrent d’y
être cultivés et la graine s’en perdit ou dégénéra dans
d’autres terrains. Depuis quatre ans, Kariz a été repeuplé
par des Hézarèhs qui cherchent à réhabiliter
la réputation des melons de Kariz, mais ils auront de
la peine, si j’en juge par deux de ces fruits que j’ai
mangés et qui né valaient absolument rien. Ce village
est le dernier appartenant à la Perse que l’on
trouve du côté du Hérat; d’immenses ruines l’environnent
et dénotent un pays antérieurement très-peuplé.
Le vent violent dont nous avions eu tant à souffrir
depuis Téhéran jusqu’à Meched avait redoublé d’intensité
depuis que nous avions quitté cette dernière
ville; il soufflait presque toujours du nord-ouest et
durait habituellement du lever au coucher du soleil ;
rarement il soufflait la nuit. Moins chaud que le
simoun, il était presque aussi fatigant et provoquait
une fièvre lente avec de grands maux de tête. On
aurait de la peine à se figurer l’immense quantité
de gibier qu’on voit depuis Hèdirèh jusqu’à Kariz;
mais c’est surtout près de Mahmoud-Abad qu’il est
plus abondant : les daims y paissent par troupeaux
de plusieurs centaines, à une distance très-rappro-
chée les uns des autres; ils ne s’effrayent guère à
l’approche des voyageurs et sont souvent à portée
de fusil. 11 n’en est pas de même des onagres, aussi
abondants qu’eux, mais beaucoup plus sauvages.