
de vue de l’avenir, le travail le plus important de
la politique du XIX' siècle.' C’était de plus une
tête ardente, un de ces courages passionnés que
le danger fascine et appelle, et son imagination,
excitée par les événements qu’il avait vu s’accomplir
presque sous ses yeux au Khiva et dans
l ’Afghanistan, avait subi le charme inexplicable
que le vieux monde exerce si souvent sur les
Européens, malgré ses vices et sa barbarie. Au
lieu donc de songer à rentrer en France, pour
y reprendre sa place dans l ’armée et pour faire
réclamer par son gouvernement les arrérages de
son traitement et l’indemnité qui lui étaient dus,
M. Ferrier, en quittant le service et le territoire
de la Perse, ne songeait qu’à se lancer plus avant
encore dans le tourbillon des événements, dont il
lui semblait qu’il n’avait fait que prendre un
avant-goût à la cour du châh. Pressentant la
crise qui allait prochainement éclater dans le
Nord de l ’Inde, il avait pris la résolution d’offrir
ses services aux héritiers de Ranjit Sing. M. Ferlier
devinait que les révolutions dont leur pays
commençait à être le théâtre allaient bientôt
jeter les Sikhs dans de grandes aventures, et produire
des événements au milieu desquels un
homme tel que lui devait trouver, en même
temps que des chances de gloire, l’occasion de
satisfaire la soif de périls et d’émotions qui le
tourmentait. A tous ces points de vue, le projet
de M. Ferrier paraissait assez plausible; mais ce
qu’il ne dit pas, et ce qui a exercé peut-être aussi
quelque influence sur sa détermination , c’est
que ne croyant pas pouvoir emprunter le territoire
des Anglais pour aller prendre du service
à Lahore, il lui fallait, pour se rendre à sa destination
projetée, traverser toute cette Asie
centrale qui semble être une région presque impénétrable
aux Européens. Burnes s’était acquis
une véritable illustration pour avoir réussi à
passer de 1 Indus à Bokhara et à Téhéran; d’autres
avaient succombé en voulant suivre ses
traces, mais aussi ils avaient emporté avec eux