
murailles. Le voisinage de l’Elevend procure à Ha-
madân l’avantage de tenir toujours à la disposition des
habitants des eaux salubres et fraîches, dont la présence
tempère les chaleurs de l’été ; mais cet avantage
disparaît en partie devant un inconvénient
irrémédiable : le pic de l’Élèvénd attire presque constamment
à lui une masse compacte de nuages qui
empêchent l’air d’arriver librement dans la ville où
l’atmosphère est lourde, étouffée et malsaine. On m’a
assuré qu’il y avait de bonnes sources d’eaux thermales
au pied de la montagne, à une farsang de la
ville, et qu’on voyait auprès un bas-relief sassanide.
Malheureusement mon état de souffrance ne m’a pas
permis de vérifier le fait.
Là plaine qui entoure la ville est couverte de nombreux
villages et de riches cultures, ce qui permet aux
habitants de vivre à bon marché'et dans l’abondance.
La population de la province d’Hamadân se divise
en trois catégories très-distinctes : les castes militaire,
religieuse et mixte. La première se compose de la
tribu des Kara-Guzlou ’, l’une des plus guerrières et
des plus braves de la Perse; c’est une branche de celle
des Cham-Lou'qui fut amenée par Timour-Leng de
i La Perse ressemble beaucoup aux Highlands d ’Écosse, par
les divisions de sa population en tribus ou clans, dont les chefs
inspirent un grand respect. L.a Perse est un pays très-aristocratique
où l’on prise fort la n aissan ce, l’éducation e t les bonnes
manières. C’est là un point de dissemblance heureuse avec la
Turkie et la Russie, où l'in stin c t national est tout à fait démocratique,
c’e st-à -d ire que dans ces deux empires, on ne comprend
pas pourquoi le fils serait respecté, parce que le père a été un
homme distingué.— R.
Syrie en Médie : elle est la plus nombreuse des trois.
La seconde comporte une infinité de Sévids et de Mollahs
qui paraissent avoir une prédilection marquée
pour cette province, où la plupart des villages leur ont
été donnés en fief par le gouvernement. Enfin, la troisième,
qui est la moins nombreuse, comprend les citadins,
les ouvriers, les marchands, et les cultivateurs
des campagnes. Par une exception unique en Perse,
Méhémed-Châh a nommé un gouverneur particulier à
chacune de ces castes, craignant sans doute de donner
trop de force à un seul homme en lui confiant le commandement
des trois.—Le prince Khanlar-Mirza gouverne
la ville et les villages peuplés par des tribus
diverses; Hadji-Mirza-Hibrahim, personnage considérable,
né à Hamadân, est à la tête de la fraction religieuse,
et le Sertip Ferz-Ullah-Khan,—le même qui
fit voler M. Jacquet,—est le chef de la tribu des Kara-
Guzlou et commandant supérieur des forces militaires
de la province, qui se composent de trois régiments
d’infanterie placés sous les ordres de ses neveux Mahmoud
Khan, Ali-Khan et Rechid-Khan. Le premier a
épousé une soeur, et le second une tante de Méhémed-
Châh. La pomme de discorde est tombée dans cette
famille avec les princesses du sang royal. Celles-ci,
puissantes en cour, cherchent toujours à mettre leurs
maris en opposition avec leur oncle, espérant amener
quelque revirement qui les fasse arriver au commandement
de la tribu. Ce n’est point sans arrière-
pensée que le Châh a donné ces princesses en mariage
aux Khans Kara-Guzlou ; leur tribu est une de celles
dont il redoute le plus l’opposition -, car elle s’est,