tile habitation d’été des princes du Hérat ; de magnifiques
platanes y ombrageaient deux charmants pavillons,
et de leurs fenêtres la vue s’étendait sur de
délicieux jardins, disposés en gradins sur les dernières
pentes de la montagne. Cette habitation a subi le même
sort que Bagh-Châh ; on l’appelle Takht-Sefer.
Si Kazerguiah, autre résidence située un peu plus
loin que Takht-Sefer, n’a pas été ravagée aussi complètement
que celle-ci, on ne doit l’attribuer qu’à
la précaution que prit Méhémed-Châh d’y mettre en
garnison des nomades Téhimounis, dévoués à sa cause,
pour lesquels ce lieu était en grande vénération. On y
trouve effectivement une mosquée, renfermant le
tombeau d’un saint personnage, où tous lés musulmans
delà contrée se rendent en pèlerinage. Le saint Imam
enterré là, il y a quatre cent quatre-vingt-dix ans, se
nommait Kodjah-Abdullah-Insâh. La mosquée et le
tombeau, l’un et l’autre d’une grande magnificence,
furent élevés par l’ordre de Châh-Rokh-Mirza, fils
de Timour-Leng. Le bâtiment principal de Kazerguiah
est un carré long , construit en briques
cuites, dans la cour duquel on pénètre en passant sous
un superbe portique dont les parois sont vernissées et
couvertes d’une infinité de dessins d’un très-bon effet.
L’intérieur du monument se compose d’une trentaine
de Cellules, espacées sur toute son étendue, et renfermant
chacune de deux à trois mausolées recouvrant
les restes des princes du Hérat, particulièrement
de ceux appartenant à la race desTimourideS. Les tombeaux
des grands seigneurs de la principauté occupent
presque tout l’intérieur de la cour. On n’enterre là que
ceux dont la foi vive a toute confiance dans le mérite
du saint Imam, qui, d’après la croyance générale* doit
lés emmener avec lui en paradis* au jour du jugement
dernier. Il en coûte assez cher pour obtenir la faveur
de cette inhumation * aussi ceux qui ne possèdent
qtt’üne fortune médiocre sont-ils obligés de se mettre
sous le patronage d’un saint moins exigeant pour être
admis darts le ciel. La plus grande partie du tombeau
élevé par Châh-Rokh-Mirza à Kodjâh-Abdullah-lnSâh,
a disparu ; il n’en reste plus qu’une colonne en marbre
blanc de quatre mètres de hauteur sur dix-huit poüces
de circonférence. Le piédestal, les chapiteaux et la corniche
sont admirablement sculptés* sur une pierre tu-
rnulaire plate et large d’un mètre sur deux de hauteur,
également en marbre blanc, on voit une inscription
arabe rappelant les vertus du saint Imam. Le fini de
ces morceaux dénote dans l’artiste qui les a exécutés
une connaissance aussi profonde de l’ârt qu une
grande habileté d’exécution. Le reste dü monument
est un bloc de maçonnerie informe, sans aucune
régularité et d’une construction récente. Les musulmans
sont intimement convaincus que la colonne
et la pierre tumülaire dont il est ici question
Sont descendues du ciel toutes façonnées, car ils ne
supposent pas qu’il y ait sur terre un homme capable
d’exécuter un semblable travail. Quoique cette sculpture
soit en effet très-belle, ce n’est pas là cependant
ce qui attira le plus mon attention * et le mérite de
ces deux morceaux disparut à mes yeux, lorsque je
fus conduit en présence d’un mausolée de marbre
hoir, élevé dans l’une des cellules mortuaires dont je