tre les autres et se battent presque constamment
entre eux; ils s’épuisent ainsi en efforts qui n’aboutissent
qu’à leur ruine réciproque, tandis que l’entente
pourrait les rendre redoutables aux Afghans,
avec lesquels ils sont continuellement en guerre.
Leur pays, protégé par la nature même, est difficile
à envahir, et ils pourraient en sortir pour ravager
les plaines du Kandahar et de Ghaznèh puis se
retirer derrière leurs hautes montagnes comme
dans un refuge inaccessible. Mais telle est leur désunion
que les Afghans trouvent le moyen de franchir
les passes et de venir les attaquer dans leur
propre pays. Ils n’osent pourtant pas l’occuper d’une
manière permanente et se contentent d’y pousser
des pointes pour butiner, se retirant ensuite en
toute hâte. Il résulte, de cette constante hostilité
entre les Hézarèhs et les Afghans, une haine tellement
vive entre les deux races, qu’il n’est pas possible
à ces derniers de s’aventurer isolément dans la
Paropamisade, où ils seraient infailliblement assassinés
: ils sont donc forcés, lorsqu’ils veulent se rendre
de Kaboul à Hérat, et vice versâ, de décrire un
circuit considérable pour faire un trajet qui serait
très-court si le pays des Hézarèhs leur était ouvert.
Ils passent habituellement, pour faire ce voyage, par
Balkh ou Kandahar, et il faut plus d’un mois aux caravanes
pour franchir cette distance, tandis qu’il leur
suffirait de quinze jours tout au plus pour se rendre
dans l’une de ces deux villes par la route directe!,
Yar-Méhémed-Khan m’a assuré que l’Émir Dost-Mo-
hammed lui avait envoyé, en 1844, une lettre par un
Hézarèh Ser-Djingueli attaché à son service, et que
cet homme, avec le même cheval, en passant par son
pays, n’avait mis que huit jours pour franchir la distance
entre Kaboul et Hérat.
Timour-Leng paraît être le dernier souverain qui
ait asservi les Hézarèhs : ils secouèrent le joug après
sa mort et depuis cette époque ils sont restés indépendants
dans leurs montagnes. Les Séfévyès, le Grand
Mogol, Nader-Châh et Ahmed-Châh, Sudozéhi, ne
parvinrent jamais à les soumettre à leurs lois. Du
reste, il paraît qu’ils furent les mêmes en tout temps ',
car voilà ce que dit d’eux un des historiens d’Alexandre
(Quinte-Curce, VII, § 24) : « Alexandre en perce
sonne entra dans le pays des Paramédésides.
« C’est un peuple sauvage qui habite un pays
cc abrupt, presque inconnu à ses voisins, parcé
« qu’il ne veut avoir ni communication ni trafic avec
« personne : leur territoire est placé vers les glaces
« du pôle, ayant les Bactriens vers le soleil couchant,
« et la mer des Indes au midi. Ce peuple demeure
« dans des maisons ayant leurs assises en briques
« et des murailles de boue dont l’épaisseur va tou-
« jours en se rétrécissant depuis le bas jusques en
«'haut, où ils laissent un trou pour le jour. Ils culi
Les Hézarèhs ne sont, pourtant, pas les descendants des anciens
habitants de la Paropamisade, ils appartiennent aux iribùs
lartares qui furent d’abord amenées dans le pays par Djenghiz-
Klian. Il est bon de remarquer que ces nomades ont tout à fait
oublié leu r langage p rimitif, e t qu’ils p arlent le persan. Cependant
leur physionomie conserve le type ta rta r à un point tel
q u ’il est impossible de se méprendre su r leur origine. — Ed.