
dont elle prit le nom en y ajoutant celui de Neï ou Ni,
signifiant roseau en persan ancien et moderne, et
cela, dit la tradition, parce que la plaine où elle est
située était alors couverte de roseaux. Au dire des
historiens persans, Nichapour aurait une origine bien
plus ancienne que celle que nous lui assignons : ils
désignent Tahmurat, troisième roi de la dynastie
Pichdadienne, comme son fondateur. Elle s’appelait
alors Aber-Chehr (la ville haute); elle fut prise et dé-
truite, disent-ils encore, par Alexandre le Grand et
réédiflee par Châh-Pour. Pour perpétuer ce souvenir
ce souverain s’y fit élever une haute statue qui resta'
debout jusqu’au temps de l’invasion des premiers
musulmans dans cette contrée, et fut alors renversée.
Nichapour eut beaucoup à souffrir de l’invasion dés
Arabes. Elle eût été détruite comme tant d’autres et
serait restée dans l’oubli, si les Tahérides, et après
eux les Soffarides, ne l’eussent restaurée et repeuplée.
Mahmoud le Ghaznévide, qui plus tard fut gouverneur
du Khorassan, sous le règne de Sebek-Taguy,
son père, fixa son séjour à Nichapour, ce qui devint
très-profitable aux habitants. Toghrul-Beg, premier
sultan de la dynastie des Seljoucides,la choisit pour sa
capitale, et ses largesses lui firent bientôt recouvrer son
ancienne splendeur; mais l’an de J.-C. 1153 (de l’hégire
548), sous le règne du sultan Sandjiar, prince de
la même dynastie, les Turkomans s’en emparèrent et
la ravagèrent si complètement qu’au dire de l’historien
persan Khagani, lorsque ses habitants, qui avaient fui
à 1 approche des vainqueurs, y retournèrent après
leur départ, il leur fut impossible de retrouver, à travers
les ruines, l’emplacement de leurs maisons respectives.
Cependant, telle était la fertilité de la contrée
qu’avec le secours des princes du Khouarisme,
qui la possédèrent après les Seljoucides, Nichapour
se releva encore une fois de ses ruines. Mais elle n’avait
pas encore éprouvé tous les désastres qui la menaçaient.
En 1220 de J.-C. (617 de l’h.) Touli-Khan, fils
de Djenghiz, vint en faire le siège, la prit, la ravagea
de fond en comble et fit mettre à mort près de deux
millions d’habitants qui peuplaient la ville et le territoire
qui en dépendait. Depuis ce moment, Nichapour
fut en butte à tous les caprices de la fortune :
on la voit renaître et périr tour à tour; toutefois,
elle ne retrouva jamais son ancienne prospérité.
Située sur l’extrême frontière persane, du côté de
la Tartarie, les Mongols, les Turkomans et les Uzbeks
la saccagèrent successivement et presque annuellement.
Vers le commencement du xvme siècle, çe
n’était plus qu’une vaste ruine et elle languit jusqu’après
la mort de Nader-Châh. En 1752 (1166 de l’h.),
après avoir supporté le siège de six mois d’Ahmed-
Châh, roi des Afghans, elle fut quelque peu restaurée
par Abbas-Kouli-Khan, chef de la tribu des Beïyats,
qui s’était déclaré indépendant dans le district. Aujourd’hui,
elle renferme tout au plus 8,000 âmes; elle
est assez mal fermée par une muraille en terre et un
fossé sec. Sa citadelle a peu d’importance et tombe en
ruines; elle a de modestes bazars, une mosquée, huit
bains et plusieurs caravansérails. Le plus beau de ces
caravansérails se trouve hors de son enceinte, sur la
route qui conduit à Meched. Si la ville a été ainsi ré