
ral du Khorassau fait ordinairement sa résidence.
Cette ville est aujourd’hui extrêmement florissante :
deux causes contribuent à sa richesse : le commerce
et l’affluence des pèlerins. Le commerce, parce qu’é-
tant située sur l’extrême frontière des États tar-
tareset afghans elle est l’entrepôt général de toutes les
marchandises importées et exportées dans ces États
les pèlerins, parce qu’ils y arrivent au nombre de plus
de cinquante mille par année, et qu’ils y laissent une
bonne partie de leurs économies. Par suite de l’émi-
gration des populations de Merv, de Charaks, d’Hérat
I Les bazars de Meched sont fréquentés par des marchands
de Yezd et du sud de la Perse, qui font des affaires avec Bombay.
Pendant le siège d’H érat, et quelques temps après, le major
Eldred Pottinger éprouva la plus grande difficulté pour se p ro cu
rer l’argent nécessaire aux achats autorisés par l’Angleterre.
Les traites sur Bombay étaient seulement acceptées par les banquiers
hindous de Shikarpore avec un escompte de 25 p. cent.
Une année après l’arrivée de la Mission, le major Told parvenait
à peine à faire encaisser ses lettres de change avec l’escompte
de 1 6 p . cent. Yar-Méhémed, à l’instigation des banquiers hindous,
vexés de ce que la Mission n’avait apporté que des espèces
de l’Inde, avait aussi déprécié la valeur de cet argent dans,le
bazar, et fait hausser celle du bajoglee (ducat belge), lequel,
chose étrange, est la monnaie courante, au d étriment de toutes
les autres ; cet état de chose ajouta aux embarras de la situation.
Dans l’espoir que nos le ttre s de change^rouveraient un meilleur
accueil à Meched, le docteur Login demanda des billets à notre
envoyé, e t les fit parvenir à Mollah-Mehdi et à Mohammed-Yezd,
à Meched, pour les négocier aux commerçants de Yezd. Cette
tentative fut couronnée d ’un plein succès, e t il eut la satisfaction
de faire re n tre r de l’argent dans les coffres de la Mission, à
16 p. cent de prime, et non à 16 p. cent d’escompte.
II y eu t encore certaines autres circonstances qui facilitèrent
kcelte époque nos arrangements financiers. Les communications
et de Kandahar, cette ville renferme plus de soixante
mille âmes à résidence fixe, et une population flottante
d’au moins trente mille pèlerins persans ou étrangers
qu’attire le tombeau de l’Iman Réza; c’est une agglomération
de toutes les races de l’Asie. On y compte
aussi à peu près six cents individus d’origine juive,
mais qui sont musulmans depuis 1839, car on les a
forcés, de le devenir pour avoir la vie sauve. Voici
quelles furent les causes de cet événement : une femme
juive étant allé consulter un médecin musulman pour
se guérir d’un abcès qu’elle avait à la main, celui-ci
en tre Kandahar e t Hérat avaient été rendues tellement sûres, par
l ’établissement de gens à cheval échelonnés le long de la route,
e t ayant pour mission de protéger les voyageurs, que le commerce
entre ces deux villes s’était grandement accru. Les voyages
entre Hérat e t Meched sont aussi devenus plus fréquents, e t chaque
semaine on voit arriver des kalilahs chargées de marchandises.
Dans le but d’éviter les difficultés soulevées à chaque
instant p ar la valeur comparative du ducat, que l’on prend à
Hérat pour une monnaie russe, e t pour entraver sa valeur absolue,
on fit venir, par les soins du major sir Henry Rawlinson,
des guinées du tré so r de Kandahar, e t l’on mit en avant cet argument,
qu’il serait insultant pour les Anglais (Doolel Inglis)
de voir leur argent déprécié, tandis que celui de la Russie ferait
prime. Dès lors les guinées furent mises en circulation au même
taux que celui attribué au ducat. Comme il arriva que leur valeur
était la même qilfe celle de deux tomans de Hérat, on les
reçut dans le commerce sous le nom de Do Tomanis, ou de
Sultanis, e t c’e st ainsi q u ’ils sont maintenant très-connus à
Hérat.
La vue de la somme exorbitante payée à Yar-Méhémed de
nos deniers, pour la délivrance du Kazi de Hérat, fut en quelque
sorte moins douloureuse, quand on apprit que cette somme avait
été reçue en souverains anglais, au taux de 1 livre 6 shellings
8 deniers pièce. — L.