
et Ahmed-Châh, Sudozéhi. Gueudj-Ali-Beg, fils de
Mir-Wali, est gouverneur de Badakhchâne, et Rous-
tem-Khan, fils de Mir-Mourad-Beg, ancien souverain
du Khanat, gouverne Koundouz au nom de Mir-Wali.
La rivière qui passe par Khoulm porte le nom de
cette ville ; elle est absorbée par les cultures avant
d’arriver jusqu’à TOxus. Pour me conformer à mes
habitudes de prudence, j’allai camper hors la ville,
dans un endroit écarté, afin d’éviter les intarissables
questions des habitants; mais à peine étions-nous installés
à l’ombre d’un mûrier que nous fûmes abordés
par un Afchard qui crut me reconnaître, prétendant
m’avoir vu trois semaines avant à Hérat, où il se
trouvait alors. Comme je niai fortement ainsi que
mes compagnons de voyage, l’incertitude s’empara
de lui. Pourtant il voulut pousser jusqu’au bout ses
investigations et me parla d’un médecin européen qui,
disait-il, s’était fait musulman et habitait Mazar depuis
trois ans, mais qui s’était établi dans une autre tribu
que vingt-cinq ou trente Anglais qu’if assurait être
relégués aussi à Mazar et nourris aux dépens de la mosquée.
Cet homme m’affirma de plus que d’autres Anglais
étaient retenus à Tadjgar, à Hézeret-Imam et
autres lieux. Je n’ai eu la possibilité de vérifier la
fausseté de son assertion que pour ceux de ces malheureux
qu’il disait être à Khoulm, où je ne vis que des
indiens devenus soldats de Mir-Wali, et pourtant il
pouvait se faire qu’il y eût parmi eux quelques Anglais.
Des recherches trop complètes à cet égard
m’eussent exposé à partager leur infortune et je
crus devoir être très-prudent dans mes investiga<-
tions. L’Afchard , qui venait de me révéler leur
présence, voulut me mettre en rapport avec eux,
mais je n’étais pas assez sûr de lui pour accepter
son intermédiaire ; il pouvait me trahir dans l’espoir
d’obtenir une légère récompense, aussi je rejetai son
offre bien loin, en lui disant qu’un bon musulman
comme moi n’avait rien à démêler avec des infidèles.
Il se retira, à ce que je crois, à peu près convaincu de
ne m’avoir jamais vu et persuadé que je venais de Bok-
hara et me rendais dans ma famille à Pechaver. Ce
qu’il venait de me dire excita cependant vivement ma
curiosité, et malgré les dangers qu’il pouvait y avoir
à me montrer trop en public, je ne pus résister au
désir de parcourir la ville , bien certain que s’il y
avait des Anglais, je les reconnaîtrais facilement à
leur physionomie si différente de celle des Indiens,
des Afghans ou des Uzbeks. Je me rendis donc à pied
dans les bazars, accompagné d’un des Hézarèhs;
mais j’eus beau observer, rien ne m’indiqua ce que
je venais y chercher. J’ai vu depuis plusieurs habitants
de Khoulm à Hérat et à Meched, qui m’ont assuré
que cet Afchard m’avait dit vrai.
Après avoir rôdé çà et là, pendant une heure,
la fantaisie me prit de me réconforter d’une tasse
de thé, et je m’approchai d’une des nombreuses
boutiques où se débitait la bienfaisante boisson.
Sur la demande de mon Hézarèh, le maître de
l’établissement passa dans une chambre de derrière
et nous rapporta bientôt deux énormes bols, pleins
jusqu’au bord, dont la vue, je dois l’avouer, éveilla
passablement ma gourmandise. Dès que j’en eus