
Serdars téhimounis et Hassan-Khan, ben-Zohrab, chef
des Hérazèhs Poucht-Kouhs. Mais, grâce à sa politique
habile , Yar-Méhémed-Khan étant parvenu
à détacher ceux-ci de sa cause, obtint aussitôt de
grands avantages sur le Serdar rebelle, e t, à la fin de
1844, il lui avait enlevé la moitié de la population
soumise à ses lois, et bavait transportée, hommes,
femmes et enfants, à Hérat, où il avait fait des serbas1
(milice) de tous les mâles en état de porter les armes.
A la suite de ce grave échec, le Serdar Ibrahim- Khan
s’était enfermé dans l’inexpugnable forteresse de
Tchalap-Dalàne, et il y résista six mois à tous les
efforts tentés contre lui par les Afghans. Maisses approvisionnements
étant alors épuisés, il tenta de se frayer
un passage, le sabre à la main, à travers les troupes qui
le bloquaient. Malheureusement son cheval s’abattit
au moment où il était engagé au milieu de ses enne
mis, et il fut fait prisonnier. Peu de jours après, le Serdar
trouvait l’occasion de s’évader et de rentrer dans
sa forteresse; il ne tarda pas à y être assiégé de
nouveau, et la famine, qui l’avait forcé à en sortir une
première fois, l’amena bientôt à entrer en pourparlers
avec Habib-Ullah-Khan, commandant des troupes
hératiennes, pour traiter de sa soumission. 11
promit de se rendre, si l’on voulait le laisser libre,
1 Le mol Serbus signifie jouer avec sa téle, autrement dii risquer
sa vie, et en Perse aussi bien que dans les pays environnants on
donne cette qualification aux troupes régulières. Le titre de
Djanbas, qui veut dire jouer avec sa vie, est donné dans l’Afghanistan
à une cavalerie irrégulière qui ressemble à celle des Bachi-
bousouks delà Turkie.— Bd.
de se retirer à Kaboul• Le chef afghan lui fit parvenir
sept Korans, sur lesquels Yar-Méhénled-Khan avait
écrit de sa main et revêtu de son sceau la promesse
solennelle de lui accorder sa demande ; mais la confiance
du Serdar dans ses ennemis ne fut pas justifiée,'
car ceux-ci s’emparèrent de lui à sa sortie de la forteresse
et l’envoyèrent prisonnier à Hérat. Pendant
qu’on l’y conduisait, il trouva encore unefois le moyen
de s’échapper; deux de ses fils, captifs dans la citadelle
de cette ville, parvinrent, à peu près dans le m ême
temps, à fuir et s’en vinrent le rejoindre. Avec l’aide de
quelques Téhimounis qu’ils recrutèrent, ils pillèrent
un campement de Moghols soumis à Yar-Méhémed-
Khan et se retirèrent ensuite à Kandahar, dont le
souverain est l’antagoniste le plus dangereux de ce
prince. Le chef du Kandahar n’était sans doute pas
fâché d’avoir à sa disposition un homme avec lequel
il pouvait créer tant d’embarras auVézir-Saheb.Pour
compenser cette fuite, ce dernier avait récemment
transporté à Hérat un nouveau détachement de trois
mille familles de Téhimounis, avec lesquelles il avait
peuplé des villages qu’il élevait dans la banlieue de
Hérat. Un nombre égal de ces malheureux avait réussi
à gagner les terres d’Hassan-Khan, ben-Zohrab, q u i,
trouvant sa frontière découverte par suite de la fuite
d’Ibrahim-Khan, venait de se porter de ce côté, ainsi
que je l’ai dit plus haut. Yar-Méhémed-Khan ne voyait
point ce déplacement sans inquiétude, et il avait
donné des ordres sévères à ses lieutenants à l’égard
d’Hassan, ben-Zohrab. Quant au Serdar Moustapha-
Khan, chez lequel je me trouvais, et qui venait de