
Ullah-Khan, lui promettant non-seulement* de reconnaître
sa suzeraineté, ainsi qu’il l’avait Fait jusque-là,
mais encore de lui payer un tribut annuel, ce qui
n’était pas encore arrivé. L’Émir ayant alors une
guerre à Soutenir contre le chef de Kokan profita
d’un do ces moments de bonne intelligence qui régnaient
si rarement entre lui et Mir-Wali, gouverneur
de Khoulm, pour le prier de rétablir Kezem-Fer-Khan
dans le gouvernement d’Andekhouye. Mir-Wali accepta
cette mission avec d’autant plus d’empressement
qu’il se promettait bien de la faire tourner tout à son
avantage. Pour atteindre Ce but,'il adressa Kezem-
Fer-Khan à son gendre Mahmoud-Khan, gouverneur
de Ser-Peul, avec toutes les recommandations nécessaires.
Mahmoud-Khan, se mettant aussitôt à l’oeuvre,
forma une ligue avec les gouverneurs de Ma-
zar, de Balkh et d’Akhtchè, et après avoir réuni ses
troupes aux leurs, s’en alla assiéger Andekhouyé et
Chibberghân. Roustem-Khan avait confié la défense
d’Andekhouye à Soufi-Khan, Afchard, neveu et antagoniste
de Kezem-Fer-Khan; mais un parti s’étant formé
contre lui dans la ville, celui-ci fut saisi et livré aux
assiégeants. Quant à Roustem-Khan, qui s’était enfermé
dans Chibberghân, il serait peut-être sorti victorieux
de la lutte s’il n’eût pas été trahi par ses alliés et livré
seul aux attaques de ses adversaires. Tant que Mizérab
Khan de Meïmana avait vécu, il avait prêté un constant
appui àson gendre ; mais après samort, Eukmet-
Khan et Chir-Khan n’entretinréht pas des rapports
aussi loyaux avec leur beau-frère, et au lieu de le secourir,
comme ils le lui avaient promis, ils envoyèrent
un contingent de cavalerie grossir l’armée de ses ennemis.
Les habitants de Chibberghân, déjà très-malheureux
par suite de la perte de leurs cultures, qui
avaient été ravagées, et souffrant beaucoup de la privation
de l’eau, qui leur avait été coupée, forcèrent
Roustem-Khan à se rendre. Kezem-Fer-Khan rentré
en possession du gouvernement d’Andekhouye,
grâce à l’active intervention de Mir-Wali, reconnut la
suzeraineté de ce prince pour lui manifester sa reconnaissance,
et Chibberghân resta au pouvoir de Mahmoud
Khan, de Ser-Peul, qui la fit gouverner par son
frère Hussein-Khan. Roustem-Khan et Soufi-Khan furent
tous deux envoyés prisonniers à Bokhara, et ce
fut là le seul bénéfice que l’Émir de celte ville retira de
son intervention en faveur de Kezem-Fer-Khan, qui
venait d’échapper à sa suzeraineté,
Nasser-Ullah-Khan ne pouvant se résoudre à être
dupé, prit sa revanche quelques mois après en confiant
un petit corps de troupes à Roustem-Khan, qui s’empara
de nouveau de Chibberghân et força Kezem-
Fer-Khan d’Andekhouye, à tenir toutes les promesses
qu’il avait faites à l’Émir. Un an après, il ne restait
plus rien de toutes ces combinaisons; car Yar-Méhé-
med-Khan arrivait de Hérat à la tête de vingt mille
hommes et soumettait Meïmana, Andekhouye, Akhtchè
et Chibberghân à sa domination. Il en repartit ensuite
en y laissant de fortes garnisons, avec des gouverneurs
de son choix ’.
î A l’époque de la m o rt de Yar-Méhémed, en 1853, ces différen
te s places fortes sont redevenues indépendantes, e t depuis
lors elles ont joui de le u r lib e rté .—Ed.