
Tcharchembèh. — 29 juin. — 3 farsangs de marche
à travers de belles prairies. Village de trois cent
quatre-vingts maisons, habitées par des Afchards, des
Djçm-Chidis et des Kapchaks, dépendant du Wali de
Meïmana, jardins immenses et belles cuttures. Nous
déjeunâmes seulement à ce gîte et nous continuâmes
à marcher jusqu’à Kaïssar où nous fîmes halte pour
la nuit.
Kaïssar, — 29 juin. — 3 farsangs en plaine à travers
des cultures non interrompues. Là se trouve un
superbe village qui donne son nom à un district composé
de dix autres hameaux dont les cultures touchent
les unes aux autres. Ils sont habités par des Kapchaks
et des Firouz-Kouhis dissidents.
Meïmana. — 30 juin. — Distance de 8 farsangs.
Après avoir cheminé pendant une heure pour traverser
une montagne escarpée on arrive à Narine,
campement de mille tentes d’Uzbeks, situé au milieu
de belles cultures et de prairies arrosées par de
nombreux courants d’eau vive. Il faut encore quatre
heures de marche à travers une plaine couverte
de tous côtés de nombreuses tentes d’Uzbeks, pour
atteindre Elmar, village d’où l’on découvre au loin
une foule d’autres campements très-populeux et qui
passent pour fournir les meilleurs guerriers de la
contrée. Enfin à 3 farsangs plus loin, que l’on franchit
à travers des montagnes, on débouche dans la
plaine où se trouve Meïmana, ville entourée de murailles
flanquées de tours, mais sans fossé pour la
protéger. Elle a quatre portes d’entrée; son développement
peut être de 3 kilomètres et sa population
uzbeke est de quinze à* dix-huit mille âmes. On y voit
bien aussi quelques familles parsivanes, mais en
très-petite minorité.
Le Khanat dont cette ville est la capitale était gouverné,
quelques mois avant mon arrivée, par le Serdar Mi-
zérab-Khan, mort empoisonné par une de ses femmes.
Ses fils, Eukmet-Khan et Chir-Khan se disputaient sa
succession quand je passai par là. Eukmet-Khan, l’aîné,
pensait plus au vin qu’aux affaires, et, afin de pouvoir
s’enivrer tout à son aise, il avait d’abord paru disposé
à abandonner le pouvoir à son frère cadet Chir-Khan ;
mais quelques ambitieux, qui ne pouvaient arriver
à leurs fins qu’en dirigeant les affaires publiques sous
son nom, l’avaient détourné , de son indolence. Des
troubles assez graves avaient eu lieu parmi le peuple,
et Yar-Méhémed-Khan, suzerain nominal de ce Khanat,
avait été obligé d’intervenir pour faire cesser la
querelle des deux frères. Le Serdar Kérim-Dad-Khan,
Hézarèh, lui avait servi d’intermédiaire pour atteindre
ce but; il avait obtenu qu’Eukmet-Khan se contentât
du gouvernement de la population agricole et marchande,
tandis que Chir-Khan commanderait l’armée
et résiderait dans la citadelle. Cet arrangement, qui
au premier coup d’oeil semblait favoriser également
les deux frères, était en réalité tout en faveur de Chir-
Khan, auquel le commandement de la force publique
assurait une influence toute puissante dans le Khanat.
C’était pour porter son adhésion à l’accord arrête entre
les deux frères que Yar-Méhémed-Khan avait envoyé
Feïz-Méhémed-Khan à Meïmana. Ce dernier avait
aussi je crois la mission secrète d’y préparer la do