
masser avec un sans-façon et une persistance qui partout
ailleurs eussent passé pour très-licencieux. Je ne
songeai pas à refuser les soins qu’elle se croyait
tenue de me prodiguer au nom de l’hospitalité, car j’ai
toujours eu pour habitude de respecter les coutumes
des peuples chez lesquels j’ai voyagé; seulement je
dus l’engager à tempérer ses démonstrations hospitalières,
afin de me laisser dormir un peu pour me
préparer à la course du lendemain. Etait-ce l’une des
femmes, 1 une dès filles ou l’une des servantes de
notre hôte? C’est un point que je n’ai pu éclaircir;
tout ce que je puis dire, c’est que les soins de cette
dame furent des plus complets et ne me laissèrent
rien à désirer. Je croyais d’abord à une faveur toute
spéciale de limour-Beg à mon égard, mais je sus le
lendemain que mes compagnons de voyage, y compris
mon domestique, n ’avaient pas été moins favorisés
que moi. Ceci n’était point, m’a-t-on assuré, un
cas exceptionnel, mais bien une habitude généralement
consacrée à Div-Hissar en faveur des étrangers
de passage, de les faire jouir delà société de la femme
ou des fdles du maître de la maison dans laquelle ils
sont reçus.
Timour-Beg insista le lendemain matin pour que
je restasse chez lui plusieurs jours ; il voulait absolument
me mener à la chasse aux ours et aux tigres,
mais, à son grand déplaisir, craignant de m’attarder,
je lui demandai seulement quelques-uns des excellents
chevaux qu’il avait dans son écurie pour me
porter rapidement à Singlak.
Singlak.—Curieuses'excavations dans les parois des rochers.
— Légende relative à ces rochers.—Escarmouche entre les
Hézarèhs et les Firouz-Kouhis. — Ces derniers sont repoussés.—
Courage des femmes tartares.—Leurs capacités militaires.
— L’auteur change de route. — Kouhistani-Baba. —
Les plus hautes élévations des montagnes de ces contrées.
—Magnifique point de vue.—Vallée commençant aux sources
du Dehas.—Les rivières Ser-Djinguelâb et Xinguelâb._
Les montagnes appelées Kouh-Siah et Sefid-Kouh. —Direction
et cours du Héri-Roud.—Monnaies trouvées dans les
ruines de Kara-Bagh—Hassan-Khan, ben-Zohrab Le camp
de Kouhistani-Baba.— L’Agha silencieux. — Déria-Dèrrè.—
Scène pittoresque près d’un lac.—La province de Gour._
La tribu des Xéhimounis.—Leurs forces militaires Rôle
politique de Yar-Méhémed-Khan.—Ibrahim-Khan.—La valeur
des sept Korans. —Conduite habile du Vézir-Saheb._
L’auteur se trouve dans l’embarras.—Osman-Khan.
Singlak. — 13 juillet. — Parcours de 10 farsangs.
Nous franchîmes d’abord la chaîne de montagnes
située *au sud de Div-Hissar, avec non moins de difficulté
que celle que nous avions traversée la veille
pour y arriver, et nous aperçûmes sur le revers méridional
des fortins à peu près semblables à ceux que
nous avions remarqués la veille. Nous passâmes ensuite
à travers un steppe très-giboyeux, au milieu duquel
les sangliers fuyaient à notre approche dans des
forêts dé roseaux, croissant tout autour de vastes
marécages. Ce steppe était occupé par des tentes de
Firouz-Kouhis, chez lesquels je faillis être dévoré par