sangs. Je n’indiquerai pas à chaque gîte le temps que
nous avons mis à parcourir l'étape, car j ’ai remarqué
qu’avec les chevaux du maître des cérémonies, nous
cheminions beaucoup plus vite qu’avec les caravanes;
habituellement nous franchissions une farsang à
l’heure. La route est tracée dans un sol pierreux, à
travers des vallées et des montagnes; elle est étroite,
accidentée et coupée par des torrents très-dangereux
à traverser quand ils sont grossis par les pluies.
Ce gîte est inhabité, nous campâmes à côté d’un
moulin ruiné près duquel coule un ruisseau assez
limpide.
l'chingourek. — Distance de 7 farsangs, à travers
monts et vallées, par une route argileuse. Ce gîte
est inhabité comme les précédents et nous y campâmes
près d’un ruisseau d’eau vive. J’avais hâte
d’arriver au bout de l’étape de cette journée, car
ayant laissé à dessein mon visage, mes pieds et mes
mains exposés à l’action du soleil, afin qu’ils pris-
sént la teinte hâlée que je remarquais chez les gens
du pays, je fus atteint d’un coup de soleil qui me
fit beaucoup souffrir, et je maudis la transformation
que ma sécurité rendait nécessaire. J’eus une fièvre
brûlante et il me fut impossible d’avaler une bouchée
de pain. Les voyages en Orient produisent
sur moi un effet contraire à celui qu’éprouvent beaucoup
d’autres. En arrivant au gîte, je n ’ai jamais
éprouvé ni faim, ni sommeil, et ce n’est toujours
qu’après avoir reposé deux ou trois heures étendu
sur mon tapis que j’ai pu manger et dormir.
Turchikh. — 26 juin. — 7 farsangs à parcourir eu
plaine ; une seule montagne assez rude à traverser :
route argileuse tracée au milieu de belles prairies
arrosées par de nombreux cours d’eau. Le gîte est un
campement de nomades de deux cents tentes. C’est là
que commence le territoire des Hézarèhs-Zeïdnats,
peuple nomade vivant sous la tente, qui a une
grande réputation de bravoure et appartient à la
secte musulmane des Sounnites. Ces gens-là prennent
le titre de Ser-Khanè (tête de maison), c’est-à-dire
branche la plus noble des Hézarèhs. Cette nation se
formait dans le principe d’une seule tribu comptant
au plus quinze mille familles fractionnées èn campements
de cent et de mille tentes. Les campements
de cent tentes se nommaient Sed-Edjak et ceux de
mille Hézarèh ; en persan sed signifie cent et hézar
veut dire mille. Les premiers furent bientôt absorbés
par les derniers, et depuis cette fusion, le nom
seul de Hézarèh leur est resté. L’accroissement postérieur
de ces indigènes les força à se répandre dans
toute la Paropamisade et à se scinder en diverses
tribus, que je ferai connaître à mesure que j’avancerai
dans leur pays. Celle dont il est ici question se
n o m m e Hézarèh-Zeïdnat èt habite le district de Ka-
lèh-Noouh, qui est aussi le nom d’une petite ville, de
récente origine, qui a remplacé Badkis. La position
avantageuse qu’occupe cette cité, au point où se rallient
les principales routes du Turkestan et de l’Afghanistan,
suffira pour la rendre très-florissante en peu de
temps. Le Serdar Kérim-Dad-Khan commande cette
tribu, et peut en tout temps mettre sous les armes cinq
mille excellents cavaliers et trois mille fantassins: en