
— 320 —
« n’avait pas capitulé. 11 donna aux habitants Malek-
« Abou-Bekr pour gouverneur, et vint trouver son
« père au siège de Talèh-Khan (Talighàn).
« Mais comme la ruine de cette puissante ville avait
« déjà été résolue parle décret divin, dit Khoudemir,
« sa perte était inévitable. Il arriva en effet que
« le bruit s’étant répandu que les Moghols âvaient été
« défaits par Djellal-Eddin auprès de la ville de Ghaz-
« nèh, les habitants des villes de Khorassan où Touli-
« Khan avait laissé des gouverneurs se soulevèrent
« en masse, et égorgèrent tous les Moghols qui tom-
« bèrent entre leurs mains. Les habitants de Hérat
« se jetèrent sur Malek-Abou-Bekr, le massacrèrent
« avec tous ses gens, et chargèrent Mobarek-Eddin
a Sebzavari, de les défendre.
a Djenghiz ayant appris ces tristes nouvelles fit
a une rude réprimande à Touli-Khan, son fils, de
a ce qu’ayant, par une fausse clémence, donné la vie
« à ses ennemis, il leur avait aussi laissé les moyens
a de lui jouer un si mauvais tour. Pour réparer cette
a faute, et pour se venger d’un si grand affront, il en-
a voya llgendjvaï, Noviàne, avec quatre-vingt mille
a chevaux devant Hérat. Cette ville soutint un siège qui
a dura six mois entiers, pendant lequel ses habitants
a se défendirent en désespérés et firent des efforts
a surhumains. Ils furent enfin réduits et tous égorgés
a sans miséricorde jusqu’au nombre d’un million six
a cent mille personnes '.
1 Si ceci s’applique à la ville de Hérat seulement, il e st incontestable
que son enceinte devait être beaucoup plus vaste qu’elle
— 321 —
« Émir-Khovend-Châli dit que le docteur Charf-Ed-
« din, Khatib, resta seul avec quinze autres habitants
a qui s’étaient cachés dans les grottes où les-Moghols,
a qui fouillaient partout, ne les avaient pas trouvés.
« Ces infortunés furent rejoints quelque temps après
« par vingt-cinq autres qui avaient aussi échappé
« à l’ennemi par une espèce de miracle. Ces quarante
« personnes résidèrent pendant quinze ans dans
« Hérat, qui avait été bouleversé de fond en comble,
« avant qu’aucune autre se joignît à elles pour y
« habiter. Ce désastre arriva en l’an 1222 (619 de
« l’hégire). »
Timour-Leng, cet autre fléau de l’humanité, imita
l’exemple de Djenghiz en portant le fer et la flamme
dans le Khorassan. Ghyaz-Eddin était alors prince
souverain du Hérat ; il essaya d’abord de résister
au conquérant tartare, mais la prolongation
de la lutte augmentant les dangers qu’il courait,
il se rendit à la merci du vainqueur. Timour-Leng,
pour le punir d’avoir songé à arrêter sa course, fit
démanteler les fortifications de Hérat et de la citadelle
et frappa les habitants d’une contribution de
guerre tellement’ forte qu’ils furent réduits à la plus
complète misère. Il s’appropria aussi les États et les
immenses richesses que possédait Ghyaz-Eddin, mais
celui-ci, profitant de la mort du gouverneur que Ti-
mour avait mis à sa place, souleva la population en
sa faveur, dans l’année 1383 (785 de l’hég.), et extermina
tous les Moghols qui tenaient garnison dans la
ne l’est aujourd’hui , c a r elle p ourrait tout au plus contenir
maintenant 100,000 personnes, qui s ’y trouveraient mal à l ’aise.
1 21