
quoiqué plus longue, et presqu’aussi dangereuse, car
le défilé d’Abdou, qui se trouve entre cette ville et
Mazar, est toujours battu par une foule de pillards
qui dévalisent les caravanes ; heureusement nous n’y
fûmes pas inquiétés. La route est déserte jusqu’à
Kboulm.
Khoulm. 5 juillet. — Parcours de 8 farsangs, dans
une plaine aride: la route est coupée entre cette ville
et Mazar, par des collines argileuses où était anciennement
le village et le caravansérail d’Abdou: L’un
et l’autre sont ruinés et inhabités.
Khoulm est improprement appelée Khoulloum par
les géographes, le premier de ces noms est le seul
sous lequel elle soit connue dans l’Asie. Cette ville est
située dans la plaine et s’est formée de la réunion
de quatre ou cinq villages, faisant aujourd’hui autant
de quartiers qui se relient par des jardins et des cultures
; on y trouve des bazars, des caravansérails et
des bains. Sa population peut-être de 12 à 15,000 habitants
: la citadelle, placée sur une éminence, est
la demeure de Méhemed-Émin-Khan, souverain de
ce Khanat, qui prend le titre de Mir-Wali.Ce chef n’est
arrivé au pouvoir qu’en 1836; avant cette époque,
il était simplement Wali, c’est-à-dire« gouverneur
de la ville de Khoulm, au nom d’un Khan uzbek,
nommé Mourad-Beg , qui possédait cette principauté
et dont le pouvoir s’étendait sur les contrées situées,
du nord au sud, depuis la rivière de Ba-
dakhchâne jusqu’aux montagnes de l’Hindou-Kouch;
limitrophes du Kaboul. Balkh à l’est, et Badakhchâne
à 1 ouest, étaient les limites de ses possessions. Mourad
Beg était un soldat de fortune qui ’avait conquis
lui-même son Khanat; Émin-Khan s’en empara à sa
mort, et son administration est fort goûtée de ses
subordonnés; comme il est un peu moins fourbe que
les autres chefs de la contrée, sa loyauté est devenue
proverbiale. L’État de Khoulm exerce une certaine
influence sur ceux qui l’environnent et sa prépondérance
n’est point inférieure à celle du Kaboul,
du Hérat ou de Bokhara. Sa population est tad-
jike, en grande majorité, mais pourtant Mir-Wali est
de race uzbeke : elle peut être évaluée à 700,000
âmes. Les revenus de cette principauté s’élèvent à
600,000 francs en argent et à près d’un million de
francs en céréales, ce qui est considérable pour un
tel pays. L’armée permanente se compose de 8,000
cavaliers et de 3,000 fantassins. 800 de ces derniers
composent un bataillon soi-disant régulier, on ne peut
pas plus mal instruit, dans lequel se sont fondus les
débris de quelques compagnies d’Eïmaks, auxquelles
les Anglais avaient donné un commencement d’instruction
militaire, quand ils occupaient le Kaboul.
L’insurrection qui éclata en 184t dans cette dernière
ville a forcé ces compagnies à se retirer à Khoulm,
avec quelques sipahis indiens qui faisaient antérieurement
partie de l’armée britannique; ce sont ces
derniers qui servent l’artillerie de Mir-Wali, composée
de dix pièces dont deux d’un très-fort calibre. Les
quatre meilleures sontcelles queMéhémed-Akbar-Khan
traîna avec lui à Khoulm après avoir été défait par
les Anglais à Bulkhak, les six autres, assez vieilles et
assez mauvaises, ont été amenées là par Nader-Châh