
calibre de quatre. Cette localité est située à gauche de
la route, sur une éminence à laquelle on n’arrive qu’en
traversant une petite rivière fangeuse qui baigne ses
pieds. C’est une excellente position militaire. De l’autre
côté, et vis-à-vis Mahmoud-Abad, la plaine est recouverte
d’immenses ruines s’étendant aussi sur un
monticule qui parait avoir été fortifié. Les Persans
m’ont assuré qu’il y avait là , anciennement, une
grande et populeuse cité du nom de Linguer, laquelle
fut détruite par Timour-Leng. Sur la route même, il
y a un bâtiment carré, assez vaste et d’une belle apparence,
où reposent les cendres d’un Iman, neveu de
l’iman Réza de Meched ; c’est un lieu très-vénéré de
tous les gens des environs. Le tombeau n’a rien de
remarquable; il occupe le centre de l’édifice; dans le
pourtour extérieur duquel on a pratiqué des petites
cases'pour abriter les voyageurs. Un vieux derviche
sédentaire fait les honneurs de ce saint lieu : il passe
pour recevoir de toutes les mains ; d’abord de celles
des caravaniers qui se reposent près du tombeau et
lui achètent fort cher des provisions qu’il lient en réserve,
puis des mains des Turkomans et des Hézarèhs,
dont il est l’espion, et qui viennent s’embusquer près
de là pour attendre le passage de ceux dont l’arrivée
leur a été signalée, s’en emparer, et aller les vendre
aux Uzbeks. En suivant une ligne presque droite,
partant de Mahmoud-Abad et se prolongeant au sud-
ouest, on trouve trois districts très-fertiles, qui fournissent
un très-beau revenu au gouverneur général
du Khorassan. Le premier, dont le chef-lieu est situé
à quatre farsangs de Mahmoud-Abad, se nomme Chehr-
Noh, la ville neuve. Ce district est habité par deux
mille familles de Hézarèhs, ayant récemment émigré
du Hérat en Perse. Ces Hézarèhs ont planté leurs tentes
au pied des montagnes, où se trouvent de bons pâturages
qui servent à l’élève d’une grande quantité
d’excellents chevaux avec lesquels ils payent l’impôt
au gouvernement. Chehr-Noh est taxé à cinquante
chevaux par an; certains de ces animaux valent jusqu’à
160 à 200 tomans, et nul n’est reçu s’il n’est estimé
au moins 25 tomans. Ces Hézarèhs doivent en
outre tenir en tout temps mille cavaliers armés et
montés à la disposition du gouverneur général, et être
prêts à entrer en campagne à la première réquisition.
Le second de ces districts est celui de Teurbet-Ishak-
Khan ; la ville qui porte ce nom renferme trois mille
maisons habitées par des Persans de la belliqueuse tribu
des Garais. La cité est entourée de murs et de
fossés ; elle a des bazars découverts, des mosquées, des
caravansérails, et plus de deux cents villages dépendent
du district dont elle est le chef-lieu. Ils produisent
beaucoup d’opium, de soie, de tabac et de fruits.
A seize farsangs au delà de Teurbet-Ishak-Khan se
trouve le district de Turchiz ; la ville renferme deux
mille maisons enceintes de murailles et de fossés; sa
population est persane, mais il y a peu de villages qui
en dépendent: ils sont remplacés par des nomades
Béloutches, au nombre de huit mille tentes environ,
qui élèvent des troupeaux. Les autres produits du
pays sont les mêmes qu’à Teurbet-Ishak-Khan, mais
en bien moindre quantité.
Teurbet-Cheikh-Djam.— 2 juin.— 4 farsangs, sept