
Nemek), il envoie Coenus fourrager avec quelques
chevaux et quelques fantassins pour approvisionner
l’armée... » Et plus bas il ajoute : « A cette nouvelle
(celle de la captivité de Darius), il crut devoir redoubler
sa marche. Il prit avec lui les hétaires, des che-
vau-légers, l’élite de son infanterie et partit sans
attendre Coenus, ses soldats ne portant que leurs
armes et des vivres pour deux jours (c’est-à-dire les
deux étapes de Dèh-Nemek et de Lasguird, où l’on
commence seulement à sortir du désert ). »
Pourquoi donc aller chercher les Pyles Caspiennes
dans les montagnes du Mazendèran, quand tout est si
bien indiqué par l’historien d’Alexandre? Bessus ne
fuyait pas du côté de Zadracarta, mais vers Hécatom-
pylos pour gagner la Bactriane; et quand Arrien
ajoute encore « qu’Arlabaze, n’approuvant pas le
« crime de Bessus, s’était retiré dans les montagnes, »
il laisse suffisamment entendre que les Perses cheminaient
dans la plaine.
Kechlag est un village de cent dix maisons, où l’eau
est saumâtre ; nous avions trente-neuf degrés centigrades
à l’ombre. On voit aux environs une trentaine
d’autres villages, qui forment le district de Khar. Ils
concourent avec ceux de Véramïn à fournir des
grains àTéhéran. Dans la soirée, nous eûmes un violent
orage.
Dèh-Nemek, — 7 mai. — 6 farsangs, huit heures à
les franchir par une route plate et facile, tracée sur
un sol argileux jusqu’à mi-chemin, ce qui rend la
marche très-difficile en hivèr et au printemps. Quand
le chemin est défoncé par les pluies, il devient presque
complètement impraticable; les caravanes sont alors
obligées de passer par la route du haut qui côtoie le
pied des montagnes de Khali-Bar, ce qui allonge le
trajet d’une farsang. La grande quantité de pierres
dont cette route est recouverte et la rivière torrentielle,
surtout quand elle est gonflée par les pluies ou
par la fonte des neiges, qui la traverse, la rendent
difficile et quelquefois dangereuse. Cependant, même
avec ces inconvénients, elle est préférable à celle du
bas, où l’on se perd dans des boues profondes, délayées
par les eaux de la rivière qui coupe le chemin
du haut, et qui, comme le Djadjé-Roud, est scindée en
trente ou quarante ruisseaux, suivant diverses directions
et servant à l’irrigation des cultures du district
de Khar. La gorge profonde et encaissée par laquelle
cette rivière sort des montagnes sert à communiquer
avec le district d’Itch, dont le chef-lieu est Firouz-
Kouh. Il est à peu près impossible d’v aller par une
voie plus directe, vu les difficultés que présente la
nature des montagnes qu’il faut traverser pour s’y
rendre; c’est ce qu’indique le nom qu’elle porte :
Khali-Bar (sans charge, à vide), ce qui veut dire que
bêles et gens ne peuvent les traverser avec un fardeau
quelconque. Le district d’Itch est particulièrement
réputé pour l’excellence de ses pâturages; il fournit
de nombreux bestiaux à Téhéran et nourrit une immense
quantité de daims, de chèvres sauvages et de
sangliers. Pendant les cinq mois des plus fortes chaleurs,
les nomades, qui campent dans le district de
Khar, se rendent dans celui d Itch où ils trouvent
d’excellents pâturages pour leurs troupeaux ; ceux de