
tairement enfermés dans des murailles pour résister
à leurs ennemis. C’est ce qui les rend insaisissables
autant que le mauvais système employé pour les réduire.
Les steppes de la Turkomanie sont très-fayorables
au développement de la race chevaline; leurs pâturages
et leurs prairies artificielles croissent dans des
terrains secs, n’ayant pour toute alimentation que les
neiges de l’hiver. Les fourrages qu’ils produisent renferment
des sucs beaucoup plus nutritifs que ceux de
nos climats tempérés et humides, aussi développent-ils
dans le sang des chevaux une chaleur bien plus vive
et donnent-ils à leurs.nerfs une vigueur et une élasticité
extraordinaires. Par malheur les steppes ne fournissent
du vert aux chevaux qu’au printemps, époque
a laquelle les Turkomans cessent leurs courses jus-
qu a la fin de juillet, autant pour se donner le temps
de rentrer leurs récoltes que pour laisser reposer
eurs montures. Ils les mettent au régime sec depuis
le mois d’août jusqu’après l’hiver et les nourrissent
avec de la paille hachée, mêlée avec du trèfle, de la
luzerne ou du sainfoin secs et trois kilog. et demi
dorge environ, par jour. Il y a exception à cette
regie lorsque ces nomades se disposent à faire un
tchap-aoûl, ainsi que je l’ai précédemment indique.
Les chevaux turkomans sont une modification de la
race arabe, et égalent ceux-ci en bonté, sous tous les
rapports; seulement leur taille est plus haute, leurs
formes sont plus développées, quoiqu’ils plaisent
moins a l’oeil sous les rapports de la conformation.
Leur encolure longue, droite et fièrement cambrée, est
presque toujours grêle et terminée par une trop grosse
tête ; le poitrail est habituellement étroit et les jambes
sont un peu longues et grêles pour porter un corps
massif, cependant bien proportionné, quoique parfois
un peu long. Les traditions du pays établissent que le
croisemejit des races arabe èt turkomàne date des tem ps
les plus reculés, mais il se propagea surtout lorsque les
premiers sectateurs de l’Islam firent la conquête de la
Perse. Timour-Leng retrempa le sang de la race tur-
komane en plaçant dans les tribus 4,200 juments qu’il
fit choisir en Arabie parmi celles qui appartenaient
aux meilleures races. Après lui, Nader-Châh renouvela
ce croisement, mais avec 600 juments seulement,
qu’il confia en totalité à la tribu des Tékiés, dont les
chevaux sont aujourd’hui les plus réputés de toute la
Turkomanie, surtout ceux du district d’Akhal. Les plus
estimés après les chevaux tékiés sont ceux de Merv-
Châh-Djéhan : viennent ensuite ceux des Yamouds,
des Gokhlans, puis la race du Mourghâb, des Héza-
rèhs, des Uzbeks de Meïmana, de Ghibberghân, etc.
Les distances que parcourent ces chevaux sont incroyables.
J’ai entendu raconter des choses prodigieuses
à ce sujet, telles que des traites de 200 lieues
franchies en cinq ou six jours. Pour mon compte, j’ai
vu un de ces animaux, appartenant au général en chef
de l’artillerie (Émir top-khané) Habib-Ullah-Khan,
aller, revenir et retourner, en douze jours, de Téhéran
à Tauris (94 farsangs, soit pour un seul trajet
à peu près 440 lieues), déduction faite du repos
qu’on lui laissa prendre chaque fois qu’il arrivait