
en longueur, depuis le rivage occidental de la mer
Caspienne jusqu’au Mourgâbli. On trouve bien encore
quelques campements de ces peuples au delà de cette
rivière, mais ils sont en très-petit nombre. Ces peuplades
s’étendent, en profondeur, depuis la ligne que
forment le Gourghan et la prolongation des monts
Elbourz, au nord de Boudjnourd, Dereguez, Koutchan
et Meched, jusqu’aux déserts de la Khivie et de laBo-
kharie, dans tout les endroits où la terre est fertile et
arrosée; on rencontre aussi quelques-unes de leurs
tribus le long de l’Oxus. Il y en a bien peu parmi elles
qui aient bâti des villages; lorsque cela est arrivé, c’est
qu elles y ont été forcées par les souverains auxquels
elles ont été assujetties. Ces peuples sont habitués depuis
la plus haute antiquité à vivre sous la tente, ce
qui leur donne la facilité de se transporter avec leurs
troupeaux près d’un nouveau cours d’eau et d’autres
pâturages, lorsque ceux de la localité dans laquelle ils
se trouvent ne suffisent plus à leurs besoins. Ces déplacements
fréquenfs sont pour eux un moyen d’échapper
à la domination de la Perse, dont ils ont été
jusqu’a ce jour les plus anciens et les plus constants
adversaires.
Les besoins des Turkomans sont très-bornés. Une
tente, appelée khirgah, abrite toute une famille. Sa
confection est bien supérieure à toutes les autres
especes d’habitations de ce genre que construisent les
tribus nomades de la Perse. Au besoin on peut les
rendre plus chaudes que l’appartement le mieux ferme,
ce qui est important pour ces peuples, vu la
rigueur de l’hiver dans la contrée qu’ils habitent.
Ces khirgahs, de forme circulaire et conique, se composent
d’une réunion de lattes d’un bois très-dur, disposées
en treillage mouvant qui se serre et s’ouvre à
volonté, suivant qu’on veut camper ou voyager. Des
feutres épais recouvrent ce treillage, en tout ou en
partie, selon qu’il s’agit de se garantir du soleil, de
la pluie ou du froid. Il y a des khirgahs de toute
dimension; elles sont très-commodes, et quelques-
unes se vendent des prix très-élevés à des seigneurs
persans. Un chameau, ou deux tout au plus, suffisent
pour en transporter une.
Les Turkomans, dont la principale occupation consiste
à faire des tchap-aoûls en Perse, appartiennent
aux trois tribus suivantes :
1° Les Yamouds, établis au delà de la rivière Attrak,
sur les bords de la mer Caspienne, jusqu’à la Khivie,
qui comptent 25,000 tentes ou familles.
2° Les Go/chlans, campés sur les rives du Gourghan
et de l’Attrak, 12,000 familles.
3°Les Tékiés, qui sont séparés des colonies de Kurdes
par la chaîne de montagnes qui s’étend des sources du
Gourghan à Charaks, et qui comptent 35,000 familles.
Ces trois tribus sont unies par la pratique d’un long
voisinage; de nombreuses alliances de famille existent
aussi entre elles, et elles se prêtent un mutuel secours
quand elles sont menacées par le Châh de Perse
ou les princes uzbeks. La tribu Tékié est la mieux
protégée des trois par sa situation au milieu de steppes
peu connus des étrangers, qui risquent de périr de
soif et de faim en s’y engageant sans guide. C’est chez
elle que se retirent les Gokhlans, quand ils sont attaqués