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nage nous vaiuli ait une semblable faveur, maisTine Qiioa
était devenu scrupuleux et timide en vieillissant. Il craignait
de se compromettre en recevant des étrangers dont
la jirésence avait déjà causé quekjue ombrage aux autorités
et qui, malgré leur incognito, ne pouvaient passer
pour de sinqiles marcbands. Aussi, bien q u ’il eût le d é sir
de se m o n tre r pour nous aussi empressé que l’avait
trouvé BI. Laplace , il déc lina , p a r crainte de l ’amende,
riio n n e iir d ’èlre n otre ampbitryon.
« Ilenrensement BI. D e n t, pressentant le plaisir que
nous aurions à connaître par nous-mémes ce que c’est
q u ’un rejias servi à la cbinoise, s’élait empressé de nous
en [irocurer l’occasion. L n autre b an iste , nomme Sao-
Quona, donnait, le lendemain, un dîner en riio n n e u r de
BI. Whytmau , négociant anglais p rê t à qu itter Canton
p o u r reto u rn er en Europe. C’est une politesse que l’usage
a consacrée en faveur des relations journalières q u ’ont
en tre eux les banistes et les négociants étrangers.
BI. Dent, invité lui-même à ce diner, ainsi (jue jdiisieurs
de ses confrères , n ’avait pas eu de peine à nous faire
comprendre au nombre des convives. Nous reçûmes
avec une véritable satisfaction l’invitation du mandarin.
Aussi, quoiqu’elle nous eût été adressée quekpies beures
seulement avant le moment du dîne r, tout le monde se
trouva jirél quand Bl. Dent vint nous jn'endre pour nous
conduire cbez Sao-Quoua.
« Pour arriver à la demeure de notre h ô t e , il fallait
parcourir un labyrinthe de petites ruelles, dans lesquelles
nous nous serions égarés vingt fois, si nous avions etc
seuls. Guidés p ar M. Dent et Bl. G e rn a ë rt, nous y parvînmes
sans peine.
(, J ’allais donc voir l’intérieur d ’une maison cbinoise !
La première cbose qui me frappa en y en tran t fut la p o litesse
gracieuse et to u t empressée du maître, la u t- il
faire b o n n eu r de ces bonnes manières à ses relations avec
les Européens? ou bien la politesse cbinoise toute seule
suffit-elle à inspirer une si aimable réception ? C’est ce
que je laisse à d écider à ceux qui o n t passé plus de temps
à Canton.
« Après avoir traversé p l u s i e u r s appa rtements très-singulièrement
décorés nous fûmes introduits dans la salle
du festin. Trois tables de b u il couverts chacune en occupaient
le centre. Elles étaient disposées en lorine de
triangle, laissant au milieu un espace vide, au-dessus d u quel
brillait un lustre cbinois orné de glands d ’o r et de
soie. Des sièges en bois sculpté, rangés autour du triangle,
marquaient les places des convives. Le dessus des portes,
toutes ouvertes, était décoré de draperies de soie écarlate
frangées d ’or, el de tous les points du plafond pendaient
des lanternes chinoises, aux cadres de laque d o re e , aux
panneaux peints des plus ricbes co u le u rs , aux longues
mèches de soie rouge tom b an t comme des (lamines de
toutes les pointes en saillie.
« Sur les tables , q u ’éclairaicnt en outre des bougies
placées dans des girandoles d ’argent, de nomltreuses petites
soucoupes symétriquement rangées élalaientanx yeux
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