Le 28 m a i, à m id i, ou aperçut enfin la côte de Coromandel
, et bientôt après le pavillon français flottant sur
Karikal.
Le soir, en passant devant rétablissement anglais de
Porto-Novo, nos voyageurs p u ren t voir au mouillage
plusieurs b âtiments démâtés, rasés comme des pon to n s;
ces navires avaient essuyé les mêmes temps que la Bonite
; mais ils ne s’en étaient pas tirés avec au tan t de
bonbeur que n otre corvette.
A r r iv é e à P o n d i c l i é r y .
La nuit vint avant q u ’il fût possible de distinguer Pondicbéry.
M. Vaillant continua p o u rtan t d ’avancer. Il ne
savait pas q n ’un p hare y avait été élevé depuis peu ; aussi
fut-il agréablement surpris, q u a n d , peu de temps après ,
il aperçut sa lumière b rillant dans l’obscurité. A l’aide
de ce guide du navigateur, il ne craignit pas d ’atterrir,
et, vers onze heures du soir, ia Bonite enfin parvenue
au terme de sa co u rse , laissa tomber l’ancre devant le
chef-lieu de nos établissements dans l’Inde.
Pondicbéry fut une ville importante à l’époque où
florissait la compagnie française des Indes orientales.
Moins grande et moins peuplée que Madras, magnifique
joyau que nous avons perdu , elle avait et elle conserve
encore un avantage sur cette dernière place. La rade est
plus sûre ; on n ’y éprouve point ces violents ouragans
qui ravagent la côte de Coromandel dans les cliangements
de mousson ; mais Pondicbéry n ’a pas de p o r t , et
la triple ceinture de brisants rég n an t to u t le long de la
côte, forme une b a rre qui rend les communications difficiles
entre la ville et les bâtiments à l ’ancre.
Les chelÎDgues.
Cette b arre est rarem en t praticable aux canots ; on ia
franchit plus aisément avec les cbelingues du pays. Ce
fut le moyen qu’employèrent les voyageurs de ia Bonite
p o u r leurs communications journalières avec la te rre.
Quelques-uns de mes lecteurs seront peut-ê tre bien
aises de trouver ici la description de ces embarcations
singulières.
La chelingue est très-creuse , mais à fond p lat ; elle
n ’a ni quille ni membrures p o u r déterminer ses formes
et maintenir les planches cousues ensemble qui en tren t
seules dans sa construction ; aussi est-elle fort lé g è re ,
condition indispensable p o u r s’élever sur les lames et
franchir aisément la b a rre . A première vue, on ne compren
d pas comment de telles constructions peuvent r é sister
deux jo u rs aux secousses d ’une mer sans cesse
ag ité e , et surtout au choc inévitable au moment oû la
chelingue échoue sur la plage. Mais c ’est ici le cas de
rappeler ce que le roseau dit au chêne : Je p lie e t ne
romps pas.
Ces embarcations sont manoeuvrées avec beaucoup
d adresse par des Indiens lascars qu’on désigne sous le