luaienl son é([iii[)age. Au moment où ce bateau fui ren contré,
il passait devant un gros bourg, à la vue des au-
toi'ilés impériales. Nul ne s’avisa de l’a rrête r ou seulement
(le demander compte du motif p o u r lequel il naviguait
ainsi armé, dans une rivière où nul danger n ’était a
craindre. Ces bateaux contrebandiers inspirent la te rreu r
aux autres mariniers, envers lesquels ils ne se font pas
scrupule d ’exercer leurs déprédations. Aussi, le p a tro n
(pii conduisait les officiers de la Bonite se félicitait-il to u t
liant d ’avoir fait une semblable rencontre près d ’un
bourg populeux, plutôt que dans quelque en d ro it isole
de la riv iè re , où probablement il n ’eût pas manqué
d ’élre attaqué et rançonné.
D’après to u t ce que je viens de d ir e , on ne peut s’éto
n n e r que la co n treb an d e de l’opium se fût maintenue
et dévelo[)pée à Lintin, malgré les édits de l’empereur.
Il peut sembler plus éto n n an t q u ’elle y eût à peu près
entièrement cessé au commencement de 1837. Ce fait,
qui frappa tout d ’ab o rd M. Vaillant, tenait à une circonstance
particulière do n t je dois ici ren d re compte.
Un mandarin anciennement baniste et membre actuel
(lu conseil impérial, frappé de l’énorme quantité d opium
(¡ni entrait frandnleusement en Cbine, en dépit de toutes
les défenses; convaincu de l’inanité de toutes les mesures
q u ’on avait déjà prises p o u r l’empêcber, et bien persuadé
q u ’on ne parviendrait jamais à faire cesser le commerce
d ’une substance devenue p o u r les Cbinois un objet de
(iremière nécessité, conclut de ses observations q u ’il sera
il beaucoup plus sage el plus avantageux de supjirimer
les probibilions existantes el de peimettre l’entrée de
l’opium, comme de toutes les autres niarcbandises, en
l’assujettissant toutefois au payement d ’un d ro it eleve
(pii ferait en tre r annuellement des sommes importantes
dans le tréso r impérial.
Quelques mois avant le passage de la Bonite, ce mand
arin avait soumis un mémoire dans ce sens à l’empereu
r, qui frappé lui-mème de ses raisoimemenls et bien
près de partager son avis, s’élait empressé de demander
à son conseil un ra p p o rt sur la question.
Le rap p o rt demandé ne se fit pas longtemps attendre.
Trois memlires du conseil avaient été chargés de sa r é daction.
Ils ne m anquèrent pas de soutenir un avis toiu
contraire à celui de l’ancien baniste. Selon eux, il fallait
bien se garder de lever la probibilion. L opium était une
drogue pernicieuse, également nuisible au corps qu elle
énerve et à l’âme d o n t elle paralyse les plus nobles facultés.
C’était un poison d o n t il importait de préserver
le peuple à tout prix. Loin d ’en faciliter ou d ’en tolerer
l’in troduc tion, le gouveroement devait pren d re des mesures
plus sévères et faire exercer une surveillance encore
plus active que p a r le p a s s é , afin de ren d re la co n tre bande
impossible.
Le résultat de cette co n tro v e rse, qui n ’avait amene
du reste aucune décision positive, fut p o u r le moment
de ren d re la surveillance plus active el la répression plus
sérieuse. Des instructions qui n ’admettaient aucun moyen