n ’a lio rd , les produits de notre sol propres à com p o ser
de riches cargaisons , tels (pie les vins, les eaux-de-
vie, les liqueurs, les farines sont prohibés à l ’en tré e, ou
ne peuvent être admis q u ’en payant des droits énormes,
équivalant;) une véritable pro h ib itio n . Nous ne pouvons
donc nous présenter avantageusement sur le marché de
Manille avec les produits de ce genre.
Il reste an commerce, p o u r alimenter ses opérations,
les p roduits de l’industrie française.
Mais ici se révèle un e au tre difficulté. Elle naît de la
concurrence anglaise. Les Anglais fabriquent à meilleur
marché que nous, et, p o u r la p lu p a rt des tissus de coton
d o n t Ils in o n d en t tous les marchés du monde, nous restons,
q u an t ;i présent du mo in s, dans rimpossibilité de
lu tter avec eux. D’ailleu rs, nos fabricants se m ontrent
moins soigneux de confectionner les tissus destinés à
l ’exportation dans le goût des pays oû ils p ourra ient être
placés. Â Manille, p a r exemjde, on aime des tissus plus
légers que les nôtres, plus apparents et de couleurs plus
éclatantes et plus tranchées.
Je dois dire p o u rtan t q u ’une étoffe de coton appelée
cambayas, q u ’on fabrique au Bengale et dont les femmes
de couleur font généralement usage :'i Manille, a été imitée
p a r nos fabricants de Mulhouse e t de Rouen avec
une telle perfection, que les cambayas français sont re-
cbercbés sur la place au tan t et plus que ceux du Bengale.
Mais nos rivaux de la Grande-Bretagne travaillent aussi
à imiter ce tissu, et il est à craindre q u ’ils ne parvienn
c n l, par le bon m a rc h é , à nous enlever encoi'c cette
lirancbe de commerce.
(le que nous importons aux Philippines se bo rn e p ro prement
aux olijets appelés dans le commerce articles
de Paris, qui com prennent la g an te rie , la parfumerie,
les modes, les fleurs artificielles, les gravures et mille
autres menus articles qui n ’o n t pas assez d ’importance
pour composer entièrement la cargaison d ’un grand
navire.
D’ailleurs, la population blanche est la seule qui r e cherche
les objets de ce g en re , et elle est assez peu
nombreuse p o u r q n ’ime seule p artie de cargaison suffise
annuellement ;i l’approvisionner.
Voilà la véritable position de n o tre commerce, en ce
qui concerne les marchandises à p o rte r à Manille, (^uant
aux denrées que nos navires peuvent y p ren d re pour
composer leur cargaison de re to u r, la question commerciale
se présente sous une face to u t aussi désavantageuse.
Les produits du sol des Philippines que nos navires
marchands o n t à importe r en France so n t le su c re , le
co to n , le café (en petite q u an tité ), l’indigo, le riz, le cacao,
l ’abaca (cordage fait avec les fibres d ’une espèce de
bananier'), les cuirs de buffle, l’écaillede to rtu e et l’hiiile
de coco d o n t on fabrique de la bougie.
'M. Gaudicliaud a rapporté deux plans de ce bananier, ainsi que
diverses esiièces de riz qui se cultivent aux Pliilippines dans les terrains
secs sur le versant des montagnes. Il pensait que ces utiles végétaux
[lourraient être naturalisés dans notre colonie d’Alger.
Donitd. — Rela tio n d u voyage, 'ro n io II I. /(