(lu’il comptait sur leurs bons offices pour lui procurer
to u t cela.
Ces braves gens n ’osaient pas lui représenter q u ’un
édit du roi de Cocbincbine , l endii l’année précédente
bornait aux seuls bâtiments de commerce l ’autorisation
de s’a rrête r â Tourane, et q u ’en conséquence, la Bonite
devait en p a rtir au plus vite. Ils se co ntentè rent de
l’avertir que les décrets du roi actuel Mine-Mben défendaient
aux étrangers de p én é trer dans l’intérieur de l ’em-
jiire ; q u ’ainsi il devrait acheter au bazar de Tourane
ce d o n t il aurait besoin. Ils lui d iren t que les Français
tro u v e ra ie n t, â l’aignade , toute l ’eau q u ’ils voudraient
embarquer ; du bois â c o u p e r, le long du rivage seulement
; un lieu p ro p re à leurs observations, sur la petite
île voisine du lieu où se trouvait la corvette; mais rép é tè
ren t-ils , il faut bien se garder de chercher â p én é tre r
dans l ’inté rieur du pays.
BI. Vaillant leur demanda s’il ne lui serait pas permis
de visiter les rochers de marbre.
L ’effroi se peignit â ces mots sur le visage des m an darins
.
« C’est impossible ! » se bâtèrent-ils de rép o n d re â
l’envi l’un de l ’au tre . « Le roi défend même aux Cochincbinois
de p én é tre r dans ces rochers consacrés au culte
des dieux. »
Ils se souvenaient sans doute du triste sort d ’un man-
' Voy. cet (’-dit à la fin du volume (n° i ) .
r r
darin de Tourane qui, peu d ’années auparavant, n ’ayant
pu empêcher BI. Laplace de p én é tre r jusque-lâ el l’y
ayant accompagné, dans la seule intention de le surveiller,
reçu t p o u r ce fait, bien innoc ent du reste, une rude
fustigation.
Le com mandant n ’insista pas. Mais, pour les édifier
complètement sur to u t ce (jn’ils avaient désiré savoir au
sujet de ia B o n ite , il les engagea â visiter en détail son
bâtiment.
L’étendue de la corvette, son aspeclmilitaire, sa batterie
armée de vingt-quatre bouches â feu de fort c a lib re , les
armes distribuées aux postes de c om b a t, son nombreux
équipage, to u t cet appareil militaire si imposant à bord
d ’un bâtiment de guerre sembla leur faire une vive impression.
Ils se h a s a rd è ren t p o u rta n t à dem ande r au
commandant s’il comptait reste r longtemps â Tourane.
On voyait fac ilem ent, au ton d o n t celte question était
faite, q u ’ils craignaient de recevoir d ’Hué-fou l ’ordre
d ’obliger la corvette à p a rtir, et q u ’ils étaient convaincus
de l’impossibilité de l’exécuter.
Après la visite du bâtiment, les mandarins acceptèrent
sans se faire p rie r une collation servie dans les appa rtements
d u com mandant el se re tirè re n t ensuite fort satisfaits
de la réception de M. Vaillant.
Les bommes de leur suite, â C|ui on avait aussi distribué
des rafraîchissements, paraissaient au moins aussi
c o n te n ts , et cbez ceux-ci du moins les démonstrations
de plaisir étaient sans arrière-pensée