bonzes ne sont pas insensibles à cet argument : ce fut
la clef d or qui ou v rit toutes les portes à nos visiteurs.
L’enceinte de la pagode est fort vaste; elle entoure
un couvent qui d o n n e asile à trois cents bonzes vivant
des offrandes des fidèles et des produits de leur ja rd in .
Au centre, on voit plusieurs bâtiments aux toits relevés,
pareils a tous les édifices représentés sur les peintures
cbinoises e t deux portiques sous lesquels sont placées
les statues des dieux. Ces statues sont des colosses de
tren te pieds en v iro n , dorés de la tête aux pieds, qui
paraissent représenter des ro is, des re in e s, des guerr
ie rs , ayant à leurs pieds (c om m e emblèmes de leur
p u is s an c e ) des tigres e t des se rpents. Des fru its, des
fleurs de to u te espèce sont incessamment déposés en
offrande devant ces gigantesques idoles, p o u r les disposer
sans doute à se m o n tre r favorables dans la cbute de
deux petits morceaux de bois. ( J ’ai déjà dit ailleurs
que telle est la manière de consulter les oracles divins. )
Un grand nombre d ’hommes e t de femmes viennent se
p ro ste rn e r en face de leurs autels et semblent p rie r avec
beaucoup de dévotion. Ils y b rû len t de petits morceaux
de papier sa c ré , source abondante de revenus p o u r les
pagodes ; car ces papiers, do n t la consommation est
très-considérable, ainsi q u ’on a pu en juge r d é jà , ue se
vendent que dans ces établissements. On y brûle aussi
des espèces de petits bâtons d ’une matière p a rfum é e ,
qui p ren d feu comme l’amadou , mais se consume b eau coup
plus lentement.
Il n ’est pas de maison ou de boutique dans laquelle
ne se trouvent de ces bâtons constamment allumés qui
rép an d en t p a rto u t un e agréable o deur. Celte c o u tum e ,
qui p ara ît se ra tta ch e r au culte religieux, a d ’ailleurs
l ’avantage d ’assainir les demeures des Cbinois et de c o rriger
les miasmes malfaisants q u ’engendre nécessairement
l’agglomération d ’une population considérable
dans des rues étroites et mal aérées.
Les êtres vivants les plus vénérés dans l’enceinte de la
pagode ne so n t pas les bonzes ni leur supérieur : ce
sont (d o is-je le d ire ? ) cinq ou six gros cochons sacrés,
po u v an t à peine tra în e r leur graisse, et fort indifférents
sans doute aux hommages d o n t la foule superstitieuse
p oursuit leur dégoûtante personne.
Cette visite à la pagode de Hong-Chou fut la dernière
occasion offerte aux officiers de la Bonite de satisfaire
leur curiosité. Après c e la , il n ’y avait plus à songer
q u ’au d épa rt. M. Vaillant fit ses visites d ’adieu , accepta
l’invitation de M. Inglis p o u r un d în e r et un bal que
celui-ci voulait d o n n e r, à Macao, à to u t l’état-major de
la corvette, et le le n d em a in , dès que le chop eut été d é liv
ré , U s’embarqua avec tous ses compagnons de voyage
pour re to u rn e r à Macao.
S im p le o b s e rv a tio n .
J ’ai raconté sans commentaires les détails de leur séjo
u r à Canton; je pourra is, en les rap p ro ch an t de ce