d ie , ui Ja plume, ni le pinceau ue sauraient rendre l’effet
de ce ta b le a u , dont toutes les p arties, brillant d ’une
beauté jiarticnlière , contrastaient cependant entre elles
et se faisaient valoir réciproquement. Dans l ’extrême
lointain, un ciel de feu couronnait la chaîne des montagnes
vajioreuses de la presqu’île malaise. En deçà on
voyait se dérouler les ricbes plaines de la province Welleslay
avec les nombreuses rivières qui y serpentent; plus
jirès de nous, le bras de mer qui sépare Pulo-Pinang du
c o n tin e n t, la rade de Georges-Town couverte de navires
et la ville elle-méme d o n t les toits reluisaient aux p re miers
rayons du jo u r ; plus près encore la délicieuse
campagne que nous venions de tra v e rs e r, encadrée à
droite et à gaucbe p a r l ’Océan ; à nos côtés, enfin, et
sous nos p a s , les masses imposantes de la forêt au feuillage
d ’un vert sombre. Et to u t cela éclairé p a r une lu mière
indéfinissable qui colorait de teintes différentes les
divers plans du paysage , en raison de leur position p ar
rap p o rt au prisme de brume qui la leur transmettait !
« Les veux fixés sur ce tableau magique, j ’avais oublié
que je n ’étais pas seul; ou plutôt je ne m ’étais point
aperçu que le com mandant était déjà loin. Je ne sais
combien de temps je serais resté là en contemplation, si
le soleil, se dégageant enfin de son voile de b rum e , ne
fût venu lui-même changer l ’aspect de la scène et m’en gager,
en me b rû lan t le visage, à rep ren d re ma course
interrompue à travers le bois.
« .le mis mon cheval au galop p o u r ra ttra p e r le comman
d an t; bientôt après nous arrivâmes ensemble an
sommet de la montagne. Il était h u it beures du matin.
« Plusieurs collines groupées ensemble forment le plateau
accidenté sur lequel nous nous trouvions. Sur chacune
de ces éminences, les ricbes négociants de Pulo-
Pinang o n t bâti d ’élégantes maisons de campagne. La
maison du résident couronne la plus élev é e , sur laquelle
on voit aussi le télégraphe. Près de là est une maison de
santé que la compagnie a fait construire e t oû sont reçus
les officiers et les employés convalescents. La température
du lieu , bien différente de celle de Georges-Town,
doit h âter leur rétablissement; mais ils n ’y peuvent passer
plus d ’un mois.
« Le résident n ’était pas cbez lui à l’instant de n o tre
arrivée. Nous fûmes reçus p a r un in ten d an t qui nous
introduisit dans un pavillon oû chacun de nous avait sa
chambre p rép a ré e d ’avance. Cet h om m e , qui probablement
avait reçu les instructions du m a ître , nous fit
to u te sorte de prévenance s, nous proposa un bain et
nous engagea à nous reposer en a tten d a n t l ’heure du
déjeuner. Je profitai de ce moment de retraite p o u r rép a rer
le désordre de ma toilette, d o n t la course à cbeval
avait quelque peu dérangé l’économie. Peu de temps
après on vin t nous chercher.
« Une grande galerie couverte jo in t le pavillon à la
maison principale. Ce fut p a r là que nous arrivâmes cbez
le conseiller-résident (M. S a lm o n d ), jeune bomme
d ’une trentaine d ’anné es, qui nous reçut de son mieux