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fisant. La ballerie de la corvetle {)iéscnlait l’image d ’un
hôpital.
Le com mandant, qui naguères se glorifiait encore du
succès de ses soins pour entre tenir la santé de ses matelots
, éprouva alors de sérieuses inquiétudes. Il déplorait
les contrariétés qui ralentissaient la marcbe de son
n avire , lorsqu’il n e restait plus q u ’une faible distance
a franchir p o u r atteindre le p o rt. Les îles Âçores avaient
été doublées à un e assez grande distance dans l’o u e s t,
mais il savait p a r expérience combien de contrariétés
on éprouve souvent dans le golfe de Gascogne, pendant
la saison où la Bonite y arrivait. 11 ne se fût pas co n solé
si de nouveaux re ta rd s , aggravant l’état de ses
ma lad e s, eussent causé la mo rt de quelques-uns d ’entre
eux.
La direction des vents devint enfin plus favorable;
le mauvais temps q u ’il avait redouté continua à sévir,
mais il n ’eut d ’au tre effet que de fatiguer encore plus les
voyageurs to u t en accélérant leur marche.
Ce furent encore de pénibles journées à passer. Le
5 n o v em b re , la tempête se calma to u t à fait ; le temps
s’éclaircit, et, dans la nu it suivante, on ape rçut le p h a re
d ’Ouessant.
Un cri de joie retentit en ce moment d ’un bo u t à l ’autre
de la Bonite; les maux q u ’on venait d ’éprouver furent
aussitôt oubliés ; les malades eux-mémes ( ils étaient
malheureusement nombreux ) se ranim èrent à cette
vue.
Dans la soirée du 6 n o v em b re , la Bonite laissa lom-
l)cr son ancre sur la rade de Bresl, tandis (|ue les matelots,
ento n n an t leur refrain favori, répétaient pour la
dernière fois :
Nous ferons tout le tour du monde,
La Bonite ne périra pas.