cher de cel a s lre , vers sept lieures du so ir, les nuages
amoncelés de nouveau viennent alimenler la force de
l ’ouragan, cfui continue à sévir p en d an t trois heures encore.
Cependant les baromè tres avaient commencé à mo n te
r vers les hu it heures du soir. A dix heures la violence
de la brise p a ru t s ’ép u ise r; à m in u it, elle tomba to u t à
fait, en passant au S. S. O.
La Bonite se trouvait alors p a r \ D" 3 5 ' de latitude
e t 172“ 21' de longitude e s t, à moitié chemin à peu près
des Sandwich aux Mariannes,
Tin bon ée'q u ip a g e .
Au milieu des émotions q u ’éprouve toujours le capitaine
d un bâtiment b attu p a r la tem p ê te , M. Vaillant
eu t un moment de véritable satisfaction.
Deux voiles essentielles avaient été défoncées dès le
commencement du coup de vent. Les remplacer était
chose fort difficile tandis que le vent soufflait dans toute
sa force et que la mer, b allo ttan t la corvette, imprimait
à sa mâture d ’effrayantes oscillations. Cependant on ne
pouvait se passer de h u n ie rs ; ca r il fallait pouvoir manoeuvrer
le navire, dans le cas où, d é tourné de sa route,
il se tro u v e ra it, la nu it su iv a n te , p orté vers q u e lq u l
te rre ou quelque écueil â double r au vent.
Le commandant n ’hésita pas. Il connaissait son équipage,
qui faible au début de la campagne, au p oint de
[louvoir â peine carguer la misaine lorsque la brise était
un peu fo rte , avait fait depuis lors d ’immenses progrès
eu vigueur e t en habileté.
Au plus fort de la tempête, il d onna l’o rd re de changer
les deux h u n ie rs et cet o rd re fut exécuté sans accident
, avec un empressement et un entra in que des
matelots consommés peuvent seuls m o n tre r dans de
semblables moments. Eu deux h eu re s , le vaillant équipage
de ia Bonite avait serré, désenvergué les débris des
anciens h u n ie rs, envergué et serré les hunie rs de r e change.
Le commandant pouvait s’applaudir de ce ré su lta t,
car il était son ouvrage. 11 y voyait la récompense des
soins incessants q u ’il s’était donnés p o u r former au métier
de la mer les hommes confiés â sa direction. D’autres
épreuves et de plus pénibles peut-être étaient encore
réservées â ia Bonite, p en d an t la longue navigation
qui lui restait â faire. Elle pouvait désormais les affronter
avec confiance : un bon équipage ne connaît pas de
difficultés insurmontables.
D u 5 a u 16 n o v em b re .
Le lendemain du coup de vent et le jo u r d ’ensuite, la
brise varia du S. S. O. au S. E ., â l’E. et enfin an N. E.
où elle p a ru t se fixer le 7. Le temps s’em b e llit, la mer
tomba, les pluies cessèrent. Jusq u ’au 16 novembre le
beau temps ne fut in te rromp u que par quelques grains