trouvait encore six lits assez grands et une cliambre
commune dans laquelle on pouvait se tenir debout. Tout
cela d ’ailleurs très-proprement tenu et meublé avec
goût.
L a h a r d ie bateHère.
« A peine étions-nous mouillés à une encablure du port,
q u ’un g ran d n om b re de bateaux conduits p a r des femmes
vinrent assiéger la goélette, se disputant l ’aubaine de p o rte
rie s passagers à te rre ; nous ne savions à qui entendre.
Tout à coup, une des batelières, plus h ard ie que ses r ivales,
s’élance pour mo n te r à b o rd de t Union, à l’aide
d ’nn bo u t de corde p en d a n t le long du b o rd ; mais un
mouvement de roulis lui fait manquer la corde et elle
tombe dans la mer. Heureusement p o u r elle, son action
avait attiré tous les yeux de son côté. La goélette n ’était
pas élevée sur l ’eau : sauver la pauvre femme et la
bisser sur le pont furent l ’affaire d ’un instant. Le danger
q u ’elle avait couru méritait un dédommagement, ce fut
son bateau que nous prîmes p o u r nous ren d re à terre.
L a p o r te ch in o ise .
« Q u a n ta n o u s, nous étions fort désappointés. Regrettant
n o tre jo u rn ée p e rd u e , nous ne trouvâmes rien
de mieux à faire que de nous rab a ttre chez M. Legrégeois,
à qui nous contâmes n otre mésaventure. Le bon
missionnaire ne se contenta pas de nous offrir à tous la
plus gracieuse hospitalité ; il voulut encore nous dédommager
du re ta rd que le mauvais temps ap p o rta it à notre
voyage, en nous menant voir to u t ce q u ’il supposait d e v
o ir piquer notre curiosité, soit à Macao, soit aux environs
de la ville. Nous visitâmes avec lui plusieurs pagodes
‘, de très-jolis ja rd in s ® en dehors de Macao e t nous
poussâmes n o tre promenade ju sq u ’à la limite du te rritoire
concédé aux Portugais. Cette limite est determinee
p a r un e muraille qui coupe transversalement l ’étroite
langue de te rre p a r laquelle la p re sq u ’île de Macao tient
au continent. Les deux extrémités de ce m u r to u ch en t à
la mer de l’un et de l ’au tre côté de l ’is thm e , et dans le
milieu se trouve une p o rte surmontée d ’une pagode. Les
Chinois franchissent cette p o rte p o u r venir à Macao;
mais il est in te rd it aux Européens de la dépasser p o u r
en so rtir. Elle est gardée constamment p a r un Chinois
qui doit en défendre l’accès. Toutefois si un Européen
veut se h a s a rd e r à enfreindre la consigne, il peut facilem
en t sortir ; le Chinois de garde a soin de n e pas 1 ape rcevoir.
Mais au re to u r c ’est différent. Il ne ren tre ra q u ’en
a c h e tan t d u rusé Chinois la permission de passer, au
prix d ’un e forte somme de piastres. Heureux encore s’il
en est quitte p o u r être ran ço n n é sans pitié et s’il échappe
au danger de recevoir une grêle de pierres ou une volée
de coups de bâton !
« Notre jo u rn é e s’était ainsi passée d ’une façon to u t a
‘ Voy. la planche 5b de VAlbum histori<iue.
Voy. la planche 54, idem.