saisissait du |)reaiiei- couj) tout ce (jui se jirésentait à
nous avec un caractère de nouveauté. H n ’avait jias
niaïujué, dans n o tre course raj)ide à travers la ville, de
reinaïajuer déjà une ibide de choses jdiis ou moins curieuses,
telles (jue les jietits jiieds des Chinoises et le voile
disgracieux des Portugaises, ce (jui ne m’empêcha jias
de désirer (juelque occasion d ’observer à mon lour de
j)lus sérieux sujets d ’études.
« .le voulais avant tout p ren d re une idée générale de
la ville e t , p o u r fixer mes souvenirs, jiouvoir les ralla-
cbe r a une image fidèle des lieux. ,fe jnojiosai dans ce
b u t a mon comjiagnon de jiromenade d ’essayer avec moi
une estjiiisse du jiort et de la ville, vus du couvent de
San brancisco. C est le jioint d ’où on en découvre le
mieux tout l’ensemble et les princijiaiix détails.
« La baie demi-circulaire est bordée d ’un rang de lielles
maisons bâties à l ’européenne. A l ’iine des extrémités,
du côté de l ’e s t , est le couvent de San Franci.sco, près
diKjuel nous dessinions e t , sur une hauteur, le fort de
la Guïa. Du côté opposé, le demi-cercle se lermiue jiar
un autre jietil fort jilacé sur une colline.
<( De celte base circulaire, la ville entière s’élève graduellement
en amjîhithéâtre. Ses rues escarjiées sont
très-étroites, surtout dans les bazars chinois, où trois
personnes à peine peuvent passer de front. Cela n ’em-
pécbe pas la foule de s’y jiresser continuellement, ainsi
que nous l’avions déjà remarqué. Quand on s’engage
dans ces (juarlicrs, il est prudent de tenir la main sur
ses jioclies et d ’avoir r(KÎl sur ses voisins. Les Chinois
aiment beaucoiq) le bien d ’autrui et sont fort adroits à
se l’approprier. Laissez entrevoir seulement iin petit coin
de votre mouchoir, il ne sera pas cinq minutes sans passer
de votre jiocbe dans celle d ’un Cbinois. 11 est vrai
(jue si le voleur esl jnis sur le fa it, vous pouvez lui administrer
sans scrupule une volée de coups de canne,
i.e Cbinois a le caractère assez bien fa itjio u r ne jtas s’en
fâcher.
« Tandis que nous étions le plus occupés de n o tre
esquisse, un jeune bomme de bonne mine, q u ’à ses traits
et à ses manières nous jugeâmes être un Anglais, mais
(jni jiarlait le français as.sez bien jiour nous d onner le
cbange, nous aborda fort poliment et ne ta rd a pas à en tamer
avec nous la conversation. Il nous fit mille questions
sur /a Bonite, sur son voyage, sur sa destination
ultérieure. Il parla dessin en vrai connaisseur, loua nos
crocjnis, et finit p a r nous projioser de venir voir chez lui
(juelques tableaux d ’un artiste anglais établi dans le pays.
Nous n ’avions garde de refuser ; nous le suivîmes. L’inconnu
nous montra , en effet, jdusienrs peintures fort
remarquables, el voyant combien nous semblions les
apprécier : « L’auteur de ces tableaux, dit-il, est un An-
« glais nommé M. Cbinery ; il sera charmé de faire votre
« connaissance. Voulez-vous me permettre de vous j)ré-
« senter à lui ? » Sur notre réponse affirmaiive : kLIi bien,