toilette. Après avoir visile cette demeure flottante, nous
fûmes tout disposés à approuver le goût du capitaine
Cuézenec. Comme nous lui eu faisions n otre compliment
: « Vous n ’apercevez pas en c o re , uous dit-il, les
plus grands avantages de mon établissement. D’ab o rd , je
suis chez moi; c ’est bien ([uekpie cbose ! Si je veux voir
le m o n d e , recevoir les amis que je compte à Calcutta,
mon bateau vient se placer le long du q u a i, en face de
la ville; nul hôte l n ’est pins à portée. Suis-je occupé de
quelque affaire qui me ren d ra it les visites imjiortunes?
mon bateau s’éloigne et gagne la rive opposée. C’est ainsi
que bien souvent j ’ai esquivé d ’ennuyeux d în e rs, sans
avoir la peine de refuser une invitation. »
P rom e n a d e su r l’O u g ly .
Tandis q u ’il parlait de la so rte , la b arq u e voguait avec
rapidité sur l ’Ougly et déjà nous perdions de vue les
palais de Calcutta. Des livres, des journaux , des rafrai-
cbissernents de toute espèce couvraient la table autour
de laquelle nous discourions ; mais bientôt le spectacle
q u ’offrent les frais rivages du fleuve attira seul n otre a ttention.
Rien n ’est plus séduisant e t plus varié que le
paysage se d é ro u lan t alors devant nous. De charmantes
maisons de pla isan ce, entourées de parcs magnifiques,
se réfléchissent dans les eaux limpides de l ’Ougly ; plus
lo in , des villages hindous contrastent par leur simplicité
rustique avec le luxe des cbàleaux.
A n eu f milles environ de Calcutta nous découvrons sur
la rive gaucbe le superbe palais de Barrakpour, où le
gouverneur général de l’Inde vient respirer l’air p u r de
la campagne.
Sur la rive o p p o s é e , se montre Sérampour, colonie
danoise à l ’aspect m o rn e , et in a n im é e , m algré ses m aisons
élégantes e t les riches colonnades qui les décorent. Tout
ce qui n ’est pas Anglais semble ne pouvoir vivre dans ce
pays où l ’Anglais règne en maître! Les faibles et trop
modestes possessions que d ’autres nations y o n t conservées,
étouffées, p o u r ainsi d i r e , au milieu des immenses
établissements de la c om p ag n ie , rappellent ces a rb risseaux
rabougris q u i, plantés à l ’ombre de grands arb res,
s’étiolent et m e u re n t, faute d ’air et d ’espace p o u r vivre
et se développer.
« Nous étions to u t entiers à n o tre co n tem p la tio n , quand
la voix du capitaine Cuézenec nous rappe la dans le salon.
Le d în e r était servi. Nous n ’avions pas remarqué de
cuisine sur le bateau qui nous p o rta it, il n ’y en avait
p o in t en effet. D’où venaient donc ces plats fumants qui
couvraient la table avec symétrie et d o n t le parfum ré vélait
Tart d u cuisinier français aidé de toutes les ressources
aromatiques de l ’Inde? Notre aimable hôte vit
n o tre surprise et nous m o n tra n t un autre bateau qui suivait
sa maison flottante : «Voilà ma cuisine, dit-il; elle me
suitto u jo u rs ; attachée à l ’arrière de mon bateau, elle cora-
m u n iq u ep a r unefenêtre avec l ’appa rtement que j ’babile. >'
On nous servit de la glace avec profusion ; nouveau sujet