320 VOYAGE
Tout eu réco u laiU , e t , sans songer le moins du monde
à guerroyer contre les rhajas de S umatra , M. Vaillant se
conlirma dans la pensée q u ’il était bon de m o n tre r la
Bonite partout où elle pourra it ren co n tre r les pros malais.
La relâcbe de Sincapour avait été foi’t utile sous ce
rap p o rt. Celle de Pulo-Pinang pouvait l’être aussi ; car ce
dernie r p oint esl le rendez-vous des nombreux caboteurs
malais de toutes les côtes voisines.
N a v i g a t i o n d a n s l e d é t r o i t ; d e M a l a c c a à P u l o - P i n a n g .
Zm Bonite lut donc dirigée sur Pulo-Pinang. Elle avait
à Iraverser, en p a rtan t de Malacca, la partie la plus dan gereuse
du détroit. C’est en effet à peu de distance de ce
point que commence la série de bancs et d ’écueils sous-
marins qui obstruent presque p a rto u t le passage entre
la p resqu’île malaise e t la côte de S umatra , depuis l’île
Roupat au S . , ju sq u ’à la latitude du faux mont Par-
celar.
Pendant la première jo u rn é e , la corvette longeant le
banc de Bambec, qui borde la côte malaise, p u t s’élever
sans difficulté jusqu au parallèle de la pointe Parcelar;
mais, au coucher du soleil, la brise étant tombée e t les
courants p o rta n t sur le b a n c , elle mouilla à trois milles
environ du banc de Bambec, relevant le mont Parcelar
au N. 28" O. Pendant toute l’aprè s-m idi le vent avait
été faible; pendant la n u it, le calme fut complet. Mais ce
calme n ’avait rien d ’effrayant; le temps était b e au , le
ciel pur. Seule la côte Orageuse de Sumatra couverte de
nuages s’illuminait de fréquents éclairs.
Au jo u r, une jolie brise d ’E. d onna le signal de l ’appareillage.
Ici commençaient les difficultés du chemin. On
devait franchir, entre les INorth-Sands et les Soulb-Sands,
des passages, où se tro u v en t des dangers sous-marins
s’élevant ju sq u ’à deux brasses de la surface de l’eau.
Suivant les indications données p ar Horshurg, M. Vaillant
dirigea sa route de manière à passer p a r le chenal
régnant entre le h au t fond de deux brasses signalé p a r ce
navigateur e tla tête des bancs de sable des Soiitb-Sands. A
neu f heures du m a tin , la longitude du mont Parcelar était
dépassée ; on distinguait facilement tous les détails de la
côte ma laise, ainsi que les petits détroits compris entre
Pulo-Callam, Pulo-Loomat, et la grande te rre de Malacca.
Tous les yeux se to u rn aien t de ce côté et de moment en
m om e n t, la position de la corvette était fixée p a r des r e lèvements
pris avec soin , afin de déterminer exactement
la marcbe q u ’elle devait suivre.
Les vents tombèrent en ce moment et bientôt après
rep riren t du S. S. O. Ils étaient favorables à une co rvette
anglaise qui commençait à se montre r vers l’O.
faisant route à l’E. Cette corvette passa près de la Bonite
vers onze heures du matin. Elle était armée de vingt-huit
canons. M.Vaillant supposa , d ’après les indications déjà
recueillies sur la composition de la station anglaise, que
ce devait être VAndromaque, montée par le commodore
Schell qui commandait alors les forces navales dans le
B o n i t e . — Relation du voyage. T o m e TH. 2Î