La première jo u rn ée que la Bonite passa au mouillage
de G eorges-Town, fut trop occupée p o u r que M. Vaillant
pût aller ce jour-là l'aire sa visite au gouverneur ou résident
conseiller q u i, je^l’ai déjà d i t , habite la campagne.
11 ne manqua pas de s’y rendre dès le lendemain ; c’était
j)our lui non-seulement un devoir de convenance , mais
encore une occasion de voir l ’aspect intérieur du pays.
Je rendrai conqite de cette petite excursion dans les
terres; mais il me paraît convenable de d onner d ’abord
une idée générale de P id o -P in a n g , et des dépendances
([ue les Anglais y ont annexées.
P ulo-Pinang, nommée aussi lie du Prince de Galles,
appartient à la compagnie anglaise des Indes orientales
depuis l’an 1786.
D’autres o n t dit l ’histoire romanesque à laquelle se
rattache sa possession; je n ’en parlerai pas ici. Je me
contenterai de rema rque r que les Anglais d u ren t saisir
avec empressement l’occasion d ’en devenir les maîtres ;
car Pulo-Pinang est admirablement placée ; non-seulement
au point de vue militaire, parce q u ’elle est dans l ’O.
la clef du détroit de Malacca; mais aussi sous le rap p o rt
des avantages com merciaux, parce que c’est là que d e vaient
se rendre p o u r s’approvisionner des produits
d ’E u ro p e , en échange de ceux de leur s o l, les indigènes
de la p resqu’île malaise, de la grande île de S um a tra , de
la majeure partie du grand archipel d ’Asie, de S iam , el
m êm e , avant la fondation de Sincapour, ceux de la Cbine
et de la Cochinchine.
P ulo-Pinang, sise en effet près de la côte de Queda,
el s’appuyant ainsi sur la p resqu’île de Malacca, n ’est
séparée des rivages de S um a tra , que p a r une distance
de quarante lieues environ. Une station navale entretenue
sur ce p o in t , et croisant à l ’entrée du d é tro it, p eu t si
bien en défendre le p a s sag e , que pas un navire ne s’y
engagerait impunément sans sa permission.
Aussi vit-on , dans la dernière guerre , Georges-Town
défendue p a r le fort Cornwallis, devenir un centre d ’opération
très-important; tandis que ses magasins étaient
l ’enti'epôt général de to u t le commerce de l’Asie orientale
, inquiété sans d o u te , mais jamais arrêté complètement
p a r nos croiseurs.
Il n ’est pas éto n n an t q u ’avec de tels avantages Pulo-
Pinang ait vu p romptement se développer sa richesse
commerciale. Elle fut te lle , dès les premières années,
q u ’on ne songea pas même à tire r parti de la fertilité du
sol de cette île. Depuis que Sincapour, ab so rb an t à son
tour to u t le commerce des mers de Chine, n ’a laissé
à Pulo-Pinang que l’exploitation des côtes orientales de
Malacca e t de S um a tra , riiiduslrie des habitants s’est
tournée vers l’agriculture.