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des convives une jiroliision de pelits jilats tout nouveaux
pour eux. Ce n ’étaient pou rtan t que des liors-d’oe u v re ,
parmi le.squels figuraient des émincés de v ia n d e , de la
chair de poisson desséchée et réduite en fa rin e , des
achards , des confitures sèches , des morceaux de coco,
des oeufs noirs, des graines de melon, des amandes d ’ab ricot,
des litchis et bien d ’antres choses to u t aussi étranges
p our un gourmet européen.
« Le mandarin Sao-Quoua, se plaçant à l’un des an gles
de la princijiale table , me fit asseoir à sa g au c b e ,
entre lui et M. W b y tm an ; MM. Dent el Inglis faisaient
les h onneurs des deux autres tables. Quand to u t le
monde fut p la c é , une vingtaine de domestiques e n trè rent
dans la salle du festin p o rtan t des bols fumants q u ’ils
déposèrent devant chacun de nous. Dix-sept fois on
changea les bols, c’est-à-dire q u ’il fallut manger de dix-
sept ragoûts différents. Le menu se composait de nids
d ’alcyon, d ’boloturies nommées aussi biches de mare,
d ’ailerons de requin, de grenouilles, d ’oeufs de pluvier que
je trouvai fort bons, de vers de te rre assez bien déguisés
et de toute sorte d ’autres mets, préparés , soit avec du
poisson, soit avec de la chair de porc et de volaille; sans
compter une profusion de mauvaises petites pâtisseries
à moitié cuites , parmi lesquelles se trouvaient p o u rtan t
d ’assez Irons petits pâtés farcis de viandes hachées, q u ’on
nous servit avec de petites tasses pleines de jus de poulet
dans les([uelles on les trempe avant de les p o rter à sa
Iroucbe.
« ,rétais , ainsi que mes compagnons de voyage, bien
décidé à faire b o n n eu r au repas en mangeant de tout. Il
fallait pour cela forcer son appétit et su rto u t son goût ;
mais il n ’y avait pas moyen de faire au trem en t; car
c ’était n o tre curiosité , plutôt que n otre gourmandise
qu’il s’agissait de satisfaire. Le plus difficile p a ru t être
d ’abord de p arvenir à pécher d ans nos bols les morceaux
que la bouche attendait. On sait que les Cbinois se servent,
en guise de fourchettes et de cuillers, de deux p e tits
bâto n s , arme gastronomique fort incommode pour
des Européens. Chacun avait en effet trouvé, sur sa serviette
de coton rouge ou jaune , deux jolies petites b a guettes
en ivoire élégamment rehaussées d or. Nous a u rions
préféré , pour l’usage que nous devions en faire ,
de modestes fourchettes de fer ou de bois. Comment
réussir en effet, à moins d ’être Cbinois, à saisir an b o u t
de ces deux bâtonnets un petit oeuf mollet noyé dans une
sauce g lu a n te , ou bien quelque autre objet to u t aussi
difficile à reten ir ? Quelques-uns de ces messieurs en
vin ren t p o u rtan t à b o u t, après quelques leçons de leurs
voisins. Quant à m o i, je me perdais en essais infructu
e u x , lorsque n otre am p b itry o n , voyant mon embarra
s , eut l’attention de me faire ap p o rte r un couvert et
du pain.
« Auprès de cbaque table, deux é c h an so n s, armés
d 'u n p o t en étain, versaient incessamment dans les tasses
des convives le cham-chon , liqueur chaude fabriquée
avec du riz fermenté , ipie plusieurs trouvaient ressem