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lileue, hors des eaux limoneuses du (lange. » Et p o u rtant
il n ’était jioint à la fin de ses inquiétudes : car la
iiavigalioii du golfe du Bengale, daus la saison où il s ’y
trouvait, est rarement exempte de mauvais temps.
Jusqu’au 17 mai, de faibles brises entremêlées de fréquents
moments de calme permirent , à peine d ’avancer
lentement vers le S. La corvetle trop chargée marchait
mal. On étouffait dans l ’intérieur du navire encombré
de sacs de riz. Cependant, grâce à un redoublement de
soins bygiénicpies, la santé de l’équipage souffrit peu des
grandes chaleurs (jue rien ne venait tempérer.
Le 18, le ciel devint nébuleux; lè v e n t fraîchit graduellement
; les baromètres commencèrent à descendre
e lle temps jirit une mauvaise ajijiarence. Mais, ce jour-là
et le len d em a in , ces pronostics ne fin'ent suivis que de
quelques grains et d ’orages (jui se résolvaient en jiluie,
sans exercer une grande influence sur les vents et la mer.
N o u v e l l e t e m p ê t e p lu s t e r r i b l e q u e la p r em i è r e .
Pendant la n u it du 19 au 20, les choses devinrent plus
graves. Les liaromètres baissant toujours annonçaient un
coup de v en t; il ne se fit pas attendre longtemps. Dès
8 beures du soir, des torrents de pluie accompagnés d ’éclairs
et du b ru it d u tonnerre p réludè rent au mauvais
temps. La mer grossit, le vent sauta au N. O. Les rafales
devinrent de jilus en plus violentes. Il fallut fermer
les panneaux et prendre la cape.
Ce fut encore jiis le lendemain. Le vent venant successivement
de tous les jioints de l’borizon soufflait avec
imjiétuosité. Soulevée en tous sens, la mer était devenue
monstrueuse. La corvette troji jiesamment chargée fatiguait
beaucoup et s’élevait difficilement sur la lame.
Dans un mouvement de tan g ag e , au moment où l’arrière
retombait dans le creux de la lame, une violente
secousse ébranla to u t le bâtiment. La barre du gouvernail
était romjiue. On mit en place la b a rre de combat;
il était alors cinq beures d u soir.
La nu it approchait et s’amionçait sombre et terrilile.
Le b o u t de la b a rre cassée était resté dans la mortaise de
l ’arbre du gouvernail. Il fallait l’en retire r p o u r pouvoir
établir une b a rre de re ch an g e , mais ce travail n ’était pas
facile. Les charpentiers s’y employèrent sans désemparer,
malgré l’obscurité profonde qui b ientôt envahit l’atmosphère
et les secousses de plus en plus violentes que la
mer imprimait au navire.
Us n ’avaient p o in t encore fini, lorsqu’à neu f beures
la b a rre en fer, dite b a rre de com b at, se romjiit à son
tour.
Si dans ce moment la Bonite eût été jirès des côtes, sa
jierle était certaine ; car il n ’y avait jilus moyen de gouverner.
Heureusement la te rre était loin. On s’empressa
d ’assujettir fortement le gouvernail au moyen de coins,
p o u r que les charpentiers pussent achever de dégager la
mortaise; mais ce ne fut q u ’à trois beures du matin que
la barre de rechange jiut être jilacée ; tandis que la jire