le chef d ’escadre Forbin était grand amiral et généralissime
des troupes siamoises. Les missionnaires, de leur
côté, faisaient des prosélytes et leur oe uvre semblait devoir
consolider de plus en plus l’influence de la France.
Un jour p o u rtan t suffit à détruire de si ricbes espérances
! Le roi m o urut : c’était l ’événement q u ’attendaient
les n ombreux ennemis que sa faveur avait suscités
aux Français. Ceux-ci d u ren t quitter le royaume. Les
missionnaires , bais comme de raison p a r les Talapoins
(prê tres d e la religion du pays), furent traînés ignominieusement
par les rues et jetés en jirison. Les églises
cbrétiennes furent dévastées; tous rapports cessèrent
alors entre les F rançais et les Siamois. Or, le roi qui régnait
eu F ra n c e , à celte é p o q u e , s’appelait Louis XIV!
Cet exemple, n o n plus que celui que donna plus la rd
le roi de C ocbincbine, n ’est pas fait p o u r inspirer grande
confiance dans les avances des potentats des divers Etats
orientaux. Ils acceptent volontiers les services q u ’une
nation comme la F rance est si bien en état de leur ren d re ;
mais la reconnaissance n ’est pas chez eux de longue durée,
et les obligations contractées p ar un prince n ’engagent
pas son successeur.
L ’em p e re u r d e s B irm an s d ésire u x d ’u n e a llian c e av e c la F ra n c e .
Du reste le roi de Siam n ’était pas le seul q u i, lors du
passage de la Bonite, songeât au p rotec torat de la F rance.
L’empereur des birmans, encore mieux placé p o u r ap p récier
le danger du voisinage des Anglais, désirait aussi une
occasion de se je te r dans nos bras.
Ce fut à Calcutta que M. Vaillant en eut connaissance
p ar un missionnaire récemment arrivé du pays des Birmans.
Selon ce missionnaire, la cour d ’Ava aurait aimé aussi
à voir nos navires marcbands, mais surtout nos bâtiments
de guerre fréquenter les ports de l’empire.
Il représentait l’orgueil national des Birmans comme
profondément blessé de voir un résident anglais et des
troupes anglaises établis dans Ava même, la capitale dn
pays.
Ce sentiment est fort naturel sans do u te ; mais q u ’avons
nous à y faire ? et quel parti nous est-il permis d ’en
tire r? Un jo u r viendra peut-ê tre (quelques-uns pensent
q u ’il n ’est pas loin) où à force de s’étendre et de s’alourdir,
le joug de l’Angleterre sera brisé par ceux même sur qui
il pèse dans l’Inde. Alors seulement il faudrait se souvenir
des sympathies que le nom de la France paraît r é veiller
au coeur de plusieurs ; car, alors, notre nation serait
appelée des p rem iè re s, non pas au partage des riches contrées
que l’Angleterre exploite seule au jo u rd ’h u i , mais à
celui des avantages que peuvent offrir à tous des relations
pacifiques et commerciales.
A rriv é e d e l’e x p é d itio n d a n s le G a n g e .
BI. Vaillant s’était proposé de ne pas remonter f ilo u -