et la scie. 11 y a aussi une espèce de lortue (rès-bonne a
manger q u i, dans toiUe sa croissance, pèse jusqu'à
soixante et quati e-viugts livres, et des myriades de petites
cbevrettes fort estimées en Cbine, où on les exporte,
aj)iès les avoir fait cuire et sécber au soleil.
Mais les ])oissons du lac o n t un redoutable ennemi :
c'est le caïman ; on en voit de monstrueux. Je ne saurais
mieux faire, p o u r d o n n e r une idée de la puissance
de cet énorme reptile, que de citer le fait suivant raconté
par M. de La Gironnière.
Cbasse au ctiiinan.
« Je côtoyais, dit-il, les bords du lac de Bay et je me
disposais à traverser une des petites rivières qui s'y je ttent,
q uand un Indien me cria d ’arrête r, parce que, peu
de jo u rs a u p a ra v a n t, on avait vu dans cette rivière un
énorme caïman qui s’y tro u v a it probablement encore. Je
Il eus garde de mépriser cet avertissement et je m e d é to u rnai
pour p ren d re un antre cbemin. Mais un des bommes
de ma suite, faisant peu de cas de ce que venait de dire
son c ama rade, ne crut pas devoir imiter ma p ru d en c e ,
e l, sans délibérer, il lança son cbeval dans la rivière. H
arrivait à peine au milieu du c o u ra n t, que le caïman p a rut,
se dirigeant sur lui. Lne seule chance de salut s’ol-
fra ità l’Indien ; ab andonner sou cbeval et fuir le monstre,
¡lendant que celui-ci dévorerait sa proie. Ce fut ce q u ’il
lit et l’expédient sembla d ’abord devoir lui réussir. Le
eaimaii, en elïel, se précipita sur le cbeval q u ’il saisit
p a r la selle; malbeureusemenl, les sangles se rompirent
et le cbeval fortuitement délivré parvint en quelques
bonds à se sauver à te rre . Ce fut alors le to u r de l ’Indien.
Il s’était témérairement arrê té , à quelque distance
du rivage, ayant encore de l’eau ju sq u ’au-dessus des genoux
e t te n an t en main son coutelas, comme pour
déOer le monstre. Celui-ci, dédaignant une si faible d é fense,
fond sur l’Indien, le saisit p a r la cuisse e t l’entraîne
avec lui au fond du lac. Ln instant, le malheureux p a ru t
à moitié hors de l’eau, joignant les mains et sollicitant
par des cris déchirants un secours que personne ne pouvait
lui p o rte r, puis il s’abîma sans retour.
« .Te m ’éloignai, le coeur navré ; et, p en d an t plusieurs
jo u rs, l’image du malbeiireux Indien se to rd a n t de désespoir
sous les étreintes du caïman, resta devant mes
yeux comme p o u r réclamer vengeance. Je ne songeais
plus q u ’à tro u v e r un moyen de délivrer la contrée d un
ennemi si dangereux. Voici comment j ’en vins à bout.
« Je commençai p ar faire fabriciiier avec des cordes
très-fortes de grands filets p ro p re s à b a rre r la rivière à
l’endroit où elle se je tte dans le lac, et j ’altendis que le
caïman rep a rû t. Pendant longtemps personne ne le vil.
Je commençais à désespérer de ma vengeance, quand,
a(>rès trois mois d ’attente, on vint me prévenir que le
monstre avait emporté un cbeval e t q u ’il était dans la
rivière occupé à le dévorer. .Aussitôt et sans perdre un
moment, j ’accourus sur les lieux avec une nombreuse