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lirave marin s'exlasiail. Plusieurs fois, à la suite d ’une
évolution rondement accomplie, on l’entendit exjirimer
son admiration aux Anglais qui se trouvaient à b o rd .
Jamais, disait-il, dejmis ([u’il exerçait sa profession de
pilote, il n ’avait vu un bâtiment manoeuvrant comme la
Bonile, ni un si vaillant é((uipage. Et p o u rtan t c ’était
sous nn ciel embrasé que travaillaient nos bons matelots;
([u’eùt-ce été dans d'autres parages?
Je n ’ai pas besoin de dire combien ces éloges étaient
agréables à M. Vaillant. 11 savait quelle importance les
Anglais attachent à to u t ce qui concerne la marine. Ceux
q u ’il avait à son bord ne maiMpieraieul pas de redire à
Calcutta ce q u ’ils avaient v u , et ses constants efforts depuis
le départ de France allaient ainsi to u rn e r à l’h o n neur
de son arme. C’est un genre de récompense dont
to u t officier commandant doit être jaloux.
Cependant les contrariétés commençaient p o u r la
Bonite au début de sa nouvelle traversée. Entre le mouillage
de ÎMud-Poiute et celui de Kedgérée, vers lequel elle
tendait m a intenant, il y a im passage difficile p o u r un navire
d ’un si fort tirant d ’eau. La corvette ne pouvait le
franchir aisément q u ’à mer h au te , au commencement du
jusant; mais p o u r cela il aura it fallu y arriver avec la fin
d u flot, et il n ’était guère permis de l’espérer sans le secours
du bateau à vapeur.
Les deux journées d u 29 et du 30 avril se passèrent
en inl'ructueuses tentatives p o u r gagner d u chemin. La
brise toujours violente et contraire paralysait tous les
efl’orts. 11 fallul décidémenl renoncer à lirer quel(|ue
avantage de la remorque de l ’Irrew a d j, e t se résoudre
à attendre de meilleures circonstances pour naviguer au
moyen des voiles de la corvette.
L’Irrew a d j fut donc congédié. Les personnes qui
avaient suivi M. Vaillant, à son d ép a rt de Calcutta, p ro fitèrent
du bateau à vapeur p o u r s’en reto u rn er.
Le 1“ mai, nouvelles tentatives d ’appareiller, nouveau
désappointement. Ce jo u r encore devait ê tre perd u à
l’ancre : mais h quelque chose malheur est bon, comme
dit un ancien proverbe. S’il eût été possible de lo u voyer,
l’équipage de la Bonite n ’eût céléliré la fête du
roi que p ar u n redoublement de fatigues. Or, c ’eût élé
vraiment dommage, car les jours de féte sont rares p o u r
le pauvre marin.
J ’ai dit ailleurs les amusements auxquels, en pareil cas,
il aime à se livrer. Ils remplirent gaiement la jo u rn ée ;
les jeux de toute e sp è c e , la d a n s e , le repas égayé par
une double ration , rien n ’y manqua.
L’état-major dînait chez le commandant à l ’occasion
de la solennité. Avant de se mettre à ta b le , M.Vaillant,
entouré de tous ses officiers, entra dans la batterie et
p o rta la santé d u roi : de longs vivat lui rép o n d iren t. La
soirée se te rm ina p a r des chants et des rondes joyeuses.
Elles duraient e n c o re , quand uu b rillant orage embrasant
l’horizon vint ten ir lieu de feu d ’a rtific e, et clore
la féte par un spectacle plus imposant que tous les chefs-
d ’oeuvre de la pyrotechnie.