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lequel sont reçus el soignés Ions les malades chinois ou
autres qui veulent s y jirésenter.
Hien n est assurément plus digne d ’admiration que ce
noble et bel emjdoi d ’une grande fortune ! Rien ne devrait
contribuer davantage à faire revenir les Cbinois de leurs
préventions contre les Européens et de la défiance in stinctive
do n t ils les poursuivent. Mais combien de services
la Chine n ’a-t-elle pas reçus déjà de ces étrangers
(pi elle dédaigné et repousse outrageusement de son sein !
Que d exemples de vertu, de dévouement, et de charité,
n o n t pas donné nos zélés et saints missionnaires ! Faut-il
atten d re que la philanthropie d ’un médecin anglais p ro duise
plus d ’effet?
C’étaieiit les réflexions qui occupaient l’esprit des officiers
de la Bonite en so rtan t de l’hôpital anglo-chinois.
Pi'omeiiades sur la rive droite du fleuve.
Ils en furent tirés p ar la rencontre inattendue d ’un
jeune bomme d o n t ils avaient fait la connaissance chez
M. Dent. Le nouveau venu le n rjiro p o s a une promenade
sur la rive opposée du fleuve, s’ofFrant à leur servir de
guide. Ce sol est formellement interdit aux Européens ;
raison de plus p o u r ren d re la partie a ttray an te : est-il
rien de plus doux que le fruit défendu? Quelques-uns
accejiterent ; jieu de temps après ils mettaient le pied sur
la terre promise , que les plus sages se contentaient de
regarder de loin.
D E LA BONITE. 1 9 0
« Nous voilà sur la rive droite (d it M. Fisquet dans
son jo u rn a l particulier); traversons rapidement les h ab itations
qui b o rd e n t le fleuve, afin de ne pas d o n n e r aux
badauds le temps de s’a ttro u p e r. H eu reu sem en t, à cette
heure de la jo u rn é e , les actifs et industrieux Cbinois
sont occupés de leurs affaires. Nous gagnons les champs;
nous voilà sauvés! Que la n a tu re est belle ici! que ces
terres so n t bien cultivées! Le terrain est divisé p a r planches
comme dans les ja rd in s potagers de mon p ay s, et
toutes les planches sont garnies de plantes utiles ; pas
une h e rb e parasite n ’a échappé à l ’oeil vigilant du cultivateur.
Le voilà qui arrose ses p lantations. Auxdeuxbouts
d ’une traverse de bois passant d errière le cou et s’appuyant
sur les deux épaules, so n t suspendus deux vases en forme
d ’arrosoirs. Le ja rd in ie r, to u t en m a rch an t dans l’étroit
sentier qui sépare deux planches, arrose ainsi à droite e t a
gaucbe les deux planches à la fois, sans se baisser, sans se
mouiller, sansuser ses forces p a rd e s mouvements inutiles.
(( Plus lo in , à un e demi-lieue e n v iro n , est une pagode
entourée de grands arbres et de bambous. Allons la
v oir ! Que ce site est pittoresque ! arrêtons-nous p o u r le
dessiner. Mais b ie n tô t une foule de Chinois se rassemb
len t au to u r de n o u s ; leur nombre augmente, et leur
figure n ’exprime pas seulement le sentiment de la curiosité.
11 est p ru d en t de ne pas che rcher à tro p finir le
dessin com m en c é , de peu r de faire ensuite une étude de
b astonnade ; éloignons-nous et prenons ce sentier qui
serpente à travers des tombeaux.