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place, sous prétexte de politesses à ren d re à ses mandarins.
On répondit <|ue le che f militaire était tellement
malade, q u ’il ue pouvait recevoir personne, e t que d ’ailleurs
les ordres formels du roi ne permettaient p oint
d ’admettre un étranger dans le fort où ce chef résidait.
Il fallut se raba ttre sur une promenade au marcbé.
Encore M. Vaillant ne jiut-il s ’y ren d re q u ’accompagné
p a r des soldats. Le bazar lui sembla misérable et peu
digne de la curiosité d ’un étranger. Le village de Tourane
q u ’il traversa p o u r aller ju sq u ’au bazar n ’offrait rien de
plus in té re ssan t. P artout de chétives c a s e s , une jiopu-
lation la id e , de maigre apparence et su rto u t fort sale ;
r ie n , en un m o t, qui pût réveiller d ’autre sentiment que
celui de la compassion.
M. Vaillant ren tra cà b o rd attristé de ce q u ’il avait vu
et peu tenté de recommencer de semblables promenades
dans le plus m isérable et le plus laid de tous les endroits
q u ’il eût encore visités.
L e s f r é g a t e s c o c J i in c h in o i s e s .
La jo u rn é e du 28 devait se passer plus agréablement
pour lui. C’était le jo u r fixé p o u r sa visite à b o rd des
frégates cochincbinoises.
11 fut exact au rendez-vous. Plusieurs officiers de la
co rv e tte , curieux de voir en détail des bâtiments de la
marine du roi Mine-Mben , avaient demandé à l’accompagner.
Quand il arriva sur la première des frégates, en
compagnie de sa brillante escorte , il y trouva réunis les
deux tnandarins d o n t il iivait déjà reçu la visite, et le mandarin
commandant la seconde frégate. On s’éLait évidemment
prépa ré à le recevoir. Po u r d o n n e r au bâtiment un
aspect militaire, deux soldats immobiles comme des statues
se tenaient au p o rt d ’armes auprès de l ’escalier de
chaque b o rd . Les mandarins re çu ren t M. Vaillant avec
toutes les démonstrations d ’une politesse respectueuse et
empressée. Une collation préparée à son intention figura
it sur le gaillard d ’arrière, et, sous prétexte du service
de la ta b le , une foule de curieux s’y trouvaient rassemblés.
Le mandarin commandant fit avec assez d ’aisance les
hon n eu rs de son bâtiment. La batterie était percée de
douze sabords de cbaque cô té ; mais c’était un luxe
in u tile , ca r son armement se composait en to u t de six
canons du calibre de six ou h u it montés sur des affûts
en bois à coulisses (c e q u i, p o u r le dire en passant,
devait ren d re fort difficile le pointage o b liq u e ). Ces
pièces paraissaient d ’ailleurs fort mal éq u ip é e s, comme
to u t le bâtiment. Il y av a it, en parc dans la b a tte rie ,
quelques petits pierriers et de petits obusiers montés sur
chandelier p o u r être placés sur le p o n t, oû de chaque
b o rd étaient percés trois ou (juatre sabords. La muraille
du b âtim en t était surmontée d ’un simple filet en ligne
fixé sur u n e lisse d ’un pied à quinze pouces an-dessus du
v ib o rd , qui lui-même n ’avait pas pins de deux pieds et
demi de saillie sur le jionl.