se ilopiter cunire le calme auquel l’homme de mer p rc -
l'ère to u t, même la tempête.
Du reste, M. Vaillant savait à merveille les moyens de
préserver ses matelots de l’ennui e t, quand survenait
(pielque circonstance qui l’aurait fait n a ître , il avait
toujours prête quelque occupation nouvelle qui elevait
Y ap porte r une diversion. Tels étaient de fréquents
exercices, et ces mille travaux qui remplissent tous
les instants de la jo u rn é e à b o rd d ’un navire bien
tenu.
Le calme se prolongeant, il usa de son spécifique ordin
aire et tout le monde fut occupé ju sq u ’au soir : les uns
à confectionner iin grand h u n ie r, p o u r remplacer celui
q u 'o n avait p erdu ; les autres à calfater le gaillard d ’a rriè
re ; ceux-ci à faire du b ito rd , d o n t on aurait besoin
pins ta rd ; ceux-là à exécuter des travaux de garniture ;
tous enfin à quelque cliose d ’utile au service du b o rd
aussi bien q u ’à eux-mêmes.
Le 22 le calme continuait ; on rep rit le matin les expériences
de la veille. L’équipage fut ensuite occupé aux
exercices de mousqueterie et de c a n o n n ag e , tandis que
les voiliers continuaient à travailler au grand hunie r.
Cette halte en mer, à peu de distance du terme de la
traversée, commençait p o u rtan t à devenir fatigante pour
to u t le monde. On se trouvait par 18“ 27' de latitude et
132“ de longitude E. Quelques jo u rs de vent favorable
suffisaient pour doubler Luçon dans le n o rd et atteindre
Manille. Aussi chacun attendait-il impatiemment la brise
et tons les yeux errant au to u r de l’horizon cherchaient
le point d ’où elle devait venir.
Dans ce moment d ’impatience commune, les requins
pouvaient sans risque se m o n tre r dans les eaux de la
corvette ; plusieurs p a ru ren t et nul ne songea à les attaquer.
On ne s’occupait pas davantage des dorades qui se
jouaient en troupes nombreuses jusque sous le b eau pré
, des pétrels bruns qui volaient à l’entour et se posaient
à la surface de l’eau comme une bande de can
a rd s ; si l’on d onnait quelque attention aux élégants
paille-en-queue qui planaient dans les airs à petite distan
ce , c ’était pour songer à la te rre d o n t ces oiseaux
indiquaient le voisinage.
Quelques nuages v in ren t enfin réveiller la brise qui
s’éleva d ’ab o rd d uN ., mais faible et incertaine. Jusq u ’au
25 le temps fut v a ria b le , mêlé de pluie et de vent. La
brise soufflait alternativement p ar folles bouffées ta n tô t
du N., tan tô t du N. N. E. ou même d uN . N. O. La houle
de l’E. N. E. était contra riée p a r une au tre boule très-
forte chassée du N. O. qui, en se h eu rta n t contre la première,
produisait des lames courtes et pyramidales très-
fatigantes p o u r la corvette.
Le 26 le temps s’embellit to u t à fait. La brise s’était
décidément fixée au N. N. O. et la mer avait pris la direction
de la brise. Aussi la corvette bien appuyée ne
roulait presque plus et s’avancait avec vitesse vers sa destination.