sacre des marins du Navigateur; ils rappellent q u ’il fil
rccherclier les meurtriers jusqu’au fond des provinces
les plus reculées de l ’empire [)our les livrer au supplice,
q u ’il fil vendre leurs biens et (cbose in o u ie ) n ’bésita pas
à consacrer le produit de cette vente à indemniser les
lâniilles des victimes, sans même a tten d re nos réclamations.
Ce n ’est pas ainsi, disent-ils, que la cour de Pékin
en agit à l ’égard des Anglais, d o n t toutes les rep résen tations
avaient été inutiles p o u r ob ten ir répa ra tions du
[)illage d 'u n navire anglais p a r des p êcbeurs cbinois, a u près
de la grande jLadrone, e t de la m o rt des bommes
de son équipage, que ces forbans avaient fait p érir.
Il y a du vrai dans ces observations. Bien q u e , dans
ses actes officiels, l’administration cbinoise ne nous
traite pas avec plus de considération et de politesse que
tous les autres barbares, elle s’est montré e, en plusieurs
circonstances, moins sourde à nos réclamations et plus
empressée d ’y faire droit. Deux raisons y o n t contribué.
D’une p a rt, la Chine ne redoute rien de n o tre ambition
et n 'a pas à cra in d re que nous nous prévalions de ses
concessions [)Our cbercber à p ren d re pied chez elle.
D’un autre c ô té , elle n ’ignore p o in t que la France est
puissante; elle a entendu parle r de nos guerres e t de
nos conquêtes. Elle a appris p a r plusieurs exemple s,
(|ue le gouvernement de n o tre pays sait p u n ir une insulte
faite à son pavillon, et les autorités cbinoises comp
ren n e n t d ’ailleurs q u e , si des actes de ce genre provoquaient
le courroux des Français, ils n ’auraient p o in t,
pour ajourner leur vengeance , les motifs d ’intérêt <pii
ont souvent reten u les Anglais, parce que la France n ’a
rien à demander à la Cbine, ([u’elle n ’est jioint tributaire
de cet empire pour les thés comme l’Angleterre, et
q u ’ainsi elle n ’a rien à pe rd re en cas de collision.
Toutefois il ne faudrait pas tro p se fier à ces dispositions
de quasi-bienveillance. Les navires fréquentant les
parages de la Chine feront toujours bien de s’y tenir en
garde co n tre les pécheurs q u ’on trouve en très-grand
nombre croisant le long des côtes sur des bateaux de
quinze à vingt tonneaux. Ces gens-là n ’ont pro p rem en t
aucun lien avec le co n tin en t; leurs femmes, leurs en fants,
to u t ce q u ’ils possèdent sont toujours avec eux. Ces
pêcheurs vivent et meurent à b o rd de leurs embarcations.
Us ne viennent à te rre que p o u r y vendre le p ro d u it de
leur pêche, p ren d re de l’eau , acheter des vêtements et
du riz.
De tels bommes, pauvres e t de moeurs grossières, vivant
dans une indépendance absolue de toute autorité,
sont toujours à c ra in d re , parce q u ’ils ne craignent jier-
sonne. Survienne un navire do n t la cargaison puisse les
ten te r; s’il a un faible équipage et s’il néglige de se garder,
il deviendra infailliblement leur proie !