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U u c iv e t.
Quelque regret que p û t causer aux naturalistes une
semblable décision, la panthère subit aussitôt son arrêt.
C’était une belle occasion p o u r nos voyageurs qui connaissaient
déjà le goût du damier, de l’albatros , du r a t ,
du re q u in , du singe, e tc ., de faire connaissance avec
cette nouvelle espèce de gibier. Un romancier célèbre se
complaît quelque p a rt à raconter comme quoi il fut
régalé d ’un bifteck d ’o u rs, tandis q u ’il parcourait les
montagnes de la Suisse. 11 a manqué à ses impressions
de voyage d ’éprouver le plaisir de savourer n n civet de
panthère. Je ne sais s’il faut faire h o n n eu r au talent du
cuisinier de la Bonite de la bonté de ce mets singulier,
mais je vois dans les notes d ’un de nos voyageurs q u ’il
fut trouvé excellent.
D e B o u r b o n a u c a p d e B o n n e -E s p é r a n c e ; a v a r i e s .
Pendant plusieurs jours nul autre incident ne vint
distraire les habitants de ia Bonite. Des vents variables
et quelques légères bourrasques du N. au N. O. accompagnèrent
la corvette ju sq u ’au tropique du C ap rico rn e,
q u ’elle franchit p o u r la troisième fois, le 30 juillet dans
l’après-midi.
Le lendemain fut une jo u rn ée fatigante p o u r l’équipage.
Des grains violents du sud se succédant sans inte rru
p tio n , e t une forte houle du S. S. O. tourmentaient la
corvette. Déjà, pendant la n u it, la grande voile avait
été déchirée. Le m a tin , la vergue du petit hunie r se
cassa dans un coup de tan g ag e , et tomba sur le pont
en tra în an t les lambeaux de la voile q u ’elle supportait.
On se mit en devoir de la remplacer p ar une vergue de
rechange; mais au même moment le cordage qui forme
la bordure du grand h u n ie r se rompit à son to u r, et cette
voile fut aussi déchirée. Ces avaries successives indiquaient
suffisamment q u ’on avait atteint la région des
mauvais temps. M. Vaillant se décida à faire dépasser les
mâts de perro q u et d ’été p o u r mettre ceux d ’hiver en
place.
Mais il semblait que rien ne d û t réussir ce jour-là. Au
moment où l ’on assujettissait le g rand mât de p e rro q u e t,
la corde qui le soutenait se rom p it, e t le mât tomba
à la m er. Heureusement personne ne fut blessé, e t, malgré
la h o u le , il fut possible de sauver cette importante
pièce de mâtui e.
Jusqu’au 11 a o û t, la Bonite fut favorisée p a r le temps.
La brise était forte et la mer très-grosse, mais on portait
en ro u te ; si bien que la corve tte, passant rapidement
à cinquante lieues dans le sud de Madagascar, e t traversant
ensuite le canal Mozambique, se tro u v a , le 11 à
m id i, à moins de deux cents lieues d u cap des Aiguilles.
Elle prolongea à vingt lieues de distance les terres du
midi de l’Afrique, coupa successivement, dans la journée
du 15, le méridien du cap des Aiguilles et celui du
li.».