n e u v e , une pièce nommée homme de bois (arc-boutant
volant qui se rt à traverser les ancres).
11 n ’était pas si facile de remplacer la b a rre de comb
a t , jiarce que les moyens de forge manquaient p o u r
faire à b o rd un travail de cette importance ; m a is , en
attendant q u ’on p û t l’exécuter à te rr e , il fallait du moins
disposer une pièce qui p û t en tenir lieu si de nouveaux
mauvais temps se déclaraient encore. M. Vaillant se
décida p a r cette raison à faire couper à la lime le jas de
la maîtresse ancre à je t; opération longue e t pénible à
laquelle l’escouade des limeurs fut employée sans re lâcbe
p en d an t quatre jo u rs et quatre nuits.
Depuis le 18 mai on n ’avait eu d ’autre moyen que
l’estime p o u r apprécier la position de la corvette. Ce
moyen, toujours in c e rta in , devait l’être bien davantage
dans les circonstances q u ’on venait de traverser. Aussi
reco n n u t-o n sans grande surprise un e e rreu r assez forte,
lorsque le 2 2 on p u t enfin d éterm in e r, p a r des observatio
n s, la longitude e t la latitude oû l ’on se trouvait.
Seulement l’e rreu r se pro d u isit dans un sens différent
de ce q u ’on avait supposé.
La Bonite rejetée plus au S. d ’un degré et d em i, et
dans l’E. de près d ’un d eg ré , venait d ’atteindre à midi
la latitude de 9° 58' 30", et la longitude de 81“ 46' 58".
Sa position la mettait à soixante-trois lieues environ de
la côte de Ceylan et à quatre-vingt-treize lieues, dans
l’E. S. E. de Pondicbéry.
Pendant les journées qui su iv ire n t, elle continua à
s’élever dans le S . , l’intention de M. Vaillant étant de
se mettre en position de profiter de la pi emière brise
régulière de S. O. p o u r atteindre Pondicbéry d ’une seule
bordée.
Le 26 m a i, après plusieurs jo u rs de brises variables
e t souvent contraires, la corvette se trouvait sur la parallèle
de Trincomale, autrefois possession française et
au jo u rd ’hui chef-lieu de la station navale anglaise ; c ’est
à l’Angleterre q u ’ap p a rtien t l’île de Ceylan!^
H fut alors possilile de faire route d irec tem ent vers la
côte de C o romandel, e t chacun se réjouit en entrevoyant
la fin procha ine de la traversée. Quoique la santé de
l’équipage se fiit conservée assez bien au milieu de toutes
ses fatigues, il était grand temps de le soustraire aux fâcheuses
influences de l’humide chaleur qui régnait à
b o rd ; les p a n n e a u x , que la tempête avait obligé de fermer,
n ’avaient pu être ouverts en c o re , à cause de l ’état
de la mer et des grains fréquents d o n t on était assailli
tous les jo u rs. D’un autre c ô té , le bâtiment ayant beaucoup
fatigué, to u t ce qui se trouvait dans les armoires
du magasin général situé le long du b o rd était baigné
d ’eau de mer. Dans la b atterie on avait c o n s tam m e n t,
aux environs du gran d m â t, six pouces d ’eau d o n t on
ne pouvait se débarrasser, parce q u ’à chaque instant la
me r fouettant co n tre les p arois d u navire, entra it p a r les
sabords mal fermés. Il en était de même dans le faux
p o n t , oû l’eau péné trait p ar tous les hublots et qui recevait
en outre l’eau de la b atterie par le grand panneau.