■ 'Il
colonne se remit en iiiarelie. ¡Moins jnessés de dormir
(|ii ils ne l'étaient la veille, nos voyageurs [)ouvaienl eu
ce moment jo u ir de l’effet vraiment pittoresque de cette
longue file de j)alaiK[uins p a rco u ran t la campagne avec
une rapidité su rp ren an te , à la lueur des torches fumeuses
d o n t les porteurs ne représentaient pas mal une
troiqio de diables d ’opéra. Ces torches sont faites d ’uu
morceau d ’écorce de cocotier que d ’un moment à l’autre
on arrose d ’buile de coco. L’Indien tient la torche d ’une
m ain, la bouteille de l ’a u tre , et tout eu c o u ra n t, il alimente
le feu sans ralentir sa marcbe.
(/uelcpie piipiant (pie p a rû t d ’aliord cc spectacle, tout
le monde dormait (piand on arriva à Pondicbéry.
La pagode de Vüicnonr.
l.a course à Trivil-Carré avait été trop agréable pour
ue jias d o n n e r envie de recommencer une semblable
partie. D’a ille u rs , c’étaient les ruines d ’un e pagode
((u’on avait vues là ; tandis (pi’à Villenour, le temple
biiidou , beaucoup mieux co n s e rv é , devait être aussi plus
intéressant à visiter.
Parmi les personnes que ces messieurs avaient vues à
Pondichéry, et ( |u i, dès le premier jo u r, s’étaient empressées
de leur faire le plus gracieux accueil, M. Couar,
'ré sorier de la c o lo n ie , était le mieux placé p o u r leur
rociirer le plaisir d ’une course à Villenour. En e ffe t,
( maison de camjiagne, charmante retraite menacée
d ’une destruction prochaine, gisait précisément à une
demi-lieue de la jiagode.
M. Couar n ’était pas [iropriélaire de cette h ab ita tio n ,
il l’avait seulement louée pour deux ans. Le Malabare,
nouvel e n ric h i, (|ui l’avait achetée, n ’attendait que la
fin du bail p o u r convertir en terrains labourables les
beaux ja rdins d o n t elle était en to u ré e , et la maison elle-
méme en bâtiments d ’exploitation. Ainsi p arto u t disparaissent,
même en F ra n c e , ces parcs et ces châteaux,
restes mutilés de l’opulence de nos p è re s, devenus trop
grands p o u r leurs descendants.
Trois heures suffirent p o u r se ren d re à Villenour. On
était parti de Pondicbéry à quatre beures du malin : il
en était sept ((uand on arriva, l.a garde était sous les
armes p o u r recevoir le gouverneur par in té rim ; car il y
a à Villenour un délacbemeiil de cijiayes. M. Buirette
et le commaiidanl se virent b ientôt entourés d ’un grand
nombre d ’indiens que la curiosité attirait.
Le com maudaut du poste, empressé de faire les hon neurs
de sa résidence , invila ces messieurs à s’asseoir,
el leur offrit de frais cocos, do n t l’eau leur sembla délicieuse
On avait prévenu le chef des brabmes de la pagode ; il
fallut atten d re q u ’il fût prêt à recevoir la sociélé (|ui lui
arrivait. Lleureusernent ce ne fut pas long. La qualité des
visiteurs, su rto u t la présence de M. Buirette, devaient
abréger les foi'malilés. On les introduisit avec empressement
dans l ’iiilérieur de la (lagode el la foule les y suivit.