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268 VOYAGE
(lises, ainsi ([ne des vins de li(iiieur. Le uiaiidariii de
guerre qui se jiiquait d ’avoir des manières eurojièennes,
jiarce q u ’il avait été à Java et à S iu c a p o u r, saisit celte
occasion Jiour mo n tre r sou savoir-vivre , et se to u rn an t
vers le jiortrait du roi des F ra n ç a is , il demanda la p e rmission
de boire à sa santé, ce qui lui fut, comme on le
jieiise, accordé de grand cuiur. Tout le monde réjjondit
à ce to a st, et les deux mandarins jiartirent très-contents
d ’eux et du commandant. Celui-ci leur dit q u ’il irait à
b o rd des frégates jjour leur ren d re visite. Ou convint
(jue ce serait le surlendemain à midi.
R é c e p t io n f a i te à M . V a i l l a n t p a r le s a u to r i t é s d e T o u r a n e .
Le 27, M. Vaillant descendit à Tourane. 11 y était a ttendu.
En en tra n t dans la rivière, il ne p u t rép rim e r un
sourire à l ’aspect des dispositions prises jiottr empêcher
toute communication avec l’intérieur du pays. Les deux
rives étaient garnies de soldats, comme s’il s’était agi de
soutenir une attaque à main armée. Deux grandes p éniches
armées de pierriers stationnaient dans la rivière
p our a rrê te r les embarcations qui aura ient voulu la re monter
au delà de la ville. Il était évident que l’autorité
locale attachait une grande importance à ne pas se laisser
surprendre.
Le canot accosta sur la plage au point qui préc édemment
avait été désigné à l ’embarcation envoyée à la p ro vision.
Les deux jietits mandarins q u i, les jiremiers ,
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avaient jiaru sur la B on ite, attendaient là le command
an t ; l’un d ’eux était le mandarin de Tourane. Armé d ’un
éventail avec lequel il b a d in a it, et d ’un mouchoir co u leur
de rose, il se d onnait des airs prétentieux to u t à fait
amusants. Les deux mandarins reçu ren t M. Vaillant de
l’air le plus gracieux et le conduisirent dans une grande
maison entourée de palissades, à la p orte de laquelle on
voyait deux soldats en faction. C’était ce q u ’on appelle à
Tourane la maison du roi. Là se trouvait le mandarin
lettré d ’Hué-fou qui te n d it affectueusement la main an
commandant à la façon européenne.
On ap p o rta des confitures sè che s, des g ateaux, des
biscuits cbinois et du tbé ; et les m andai ins se disputèrent
l’h o n n eu r de servir leur hôte.
Ce q u ’il y eu t de jilaisant dans cette cérémonie , c ’est
q u ’elle était la répétition d ’une première représentation
en to u t semblable , d o n t quelques officiers de la c o r vette,
pris d ’abord pour le commandant et sa su ite ,
avaient été les h éros le matin même.
M. Vaillant n ’était pas seulement venu p o u r goûter des
friandises cochincbinoises ; il s’était mis en tête de voir
les forts q u i , du r e s te , n ’offraient rien de bien rema rquable.
Il demanda s’il n ’y avait point u n e autorité militaire
à Tourane , e t, comme on lui dit qu il y avait en
effet nn mandarin de guerre commandant les forts, il
témoigna le désir de lui ren d re visite. Mais il n entrait
pas dans les instructions du souverain d ’Hné-fou de
laisser ainsi p én é trer les étrangers dans le coeur de la