que nous étions auprès de Wliité-rock. La goélette allait
toujours. Quant à nous, nous ue trouvâmes rien de
mieux a faire que de nous co u ch er; nous supposions que
le ¡>atron ne ta rd e ra it pas à mouiller pour atten d re le
jo u r.
« A n o tre rév e il, le lendemain m a tin , t Union rep o sait
en efièt sur son ancre ; mais nous fûmes to u t surpris
d ’apprendre que nous étions près de l ’île de la quatrième
barre. Nous avions marcbé toute la n u it e t franchi, sans
nous en doute r, la pointe de Chucu-Pé et les forts de
Bocca-Tigris. Le calme seul avait forcé la goélette de s’a rrête
r, à q u atre beures et demie du matin. 11 nous re tin t
ju sq u ’à dix beures.
« La seconde jo u rn é e de n o tre voyage se passa comme
la p rem iè re , mais elle nous conduisit ju sq u ’à une très-
petite distance au-dessous de Vampoa. U Union, surprise
de nouveau par le calme, à environ une lieue du mouillage,
fut obligée d ’atten d re en cet endroit. Rien ne pouvait
nous arriver plus à propos.
« La traversée jusque-là avait été un peu m o n o to n e ;
ici commençait la partie pittoresque de n o tre course
dans le fleuve. 11 eût été vraiment dommage que la nuit
nous eût empêchés d ’en jo u ir.
i( Au lever du soleil, nous montons sur le p ont, é to n nés
de nous trouver si avancés et charmés du spectacle
q ui s’offre à nos regards. Le fleuve a totalement changé
d ’aspect. Au-dessus des rizières qui b o rd en t ses rives, on
voit se mouvoir lentement les voiles de mille bateaux
- «s
m ontant ou descendant les rivières de l ’intérieur invisibles
pour nous. De riants villages, d ’élégantes pagodes
s’élèvent sur les sommets des collines environnantes.
Dans le h au t du fleuve , u n e forêt de mâts e t de voiles
indique le mouillage de Wampoa.
« Bientôt la brise se lève e t nous partons. La rivière
n ’a pas en cet en d ro it plus d ’une encablure de largeur;
nous défilons devant f île française et f ile d an o is e , en
compagnie de nombreux bateaux. A midi, nous apercevons
la pagode de Wampoa s’élevant au-dessus de fîle
basse du même nom. Une demi-heure après , nous passons
au milieu des bâtiments qui occupent le mouillage.
Nous en comptons cinquante-quatre presque tous a n glais.
Parmi ces navires se tro u v en t trois vaisseaux et
plusieurs frégates de la compagnie des Indes ; immenses
navires de quinze cents , douze cents e t h u it cents to n neaux.
(Q u ’on se figure la valeur d ’un b âtim en t pareil
chargé de thé e t de soieries ! )
« Les navires étrangers ne peuvent remonter le fleuve
au-dessus de Wampoa , qui est encore à deux lieues de
Canton. C’est là que les négociants établis à Canton doivent
faire p ren d re leur ch a rg em en t, s’il n ’a été déjà
débarqué à L in tin ; là encore q u ’ils leur en v o ien t, par
des embarcations du p a y s , les thés e t autres m a rch an dises
destinés à former leur cargaison de re to u r ; aussi
règne-t-il à W ampoa une grande activité.
« Après avoir dépassé ce mouillage, nous entrons dans
un bras de rivière qui s’ouvre au n o rd de Wampoa el qui
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