lÜO VOYAGE
nous avions déjà rencontré BI. Coste, capitaine du coni-
niei'ce français d o n t le navire venait d ’être condamné
en en tran t à Blacao j)Our une voie d ’eau irréparable.
Nous nous souvînmes, en so rtan t de cbez BI. Cbinery,
que nous lui avions promis d ’aller le p ren d re à l’bôtel
on il dem eu ra it, afin de nous ren d re ensemble cbez
BI. Béai à qui il s’était offert de nous présenter.
« Nous n ’avions pas encore déjeuné et n otre appétit,
aiguisé par les courses du m a tin , nous invitait à ne pas
arriver troj) ta rd au rendez-vous. Ce fut lui peut-être qui
me fit trouver q u e , p o u r une p ia s tre , on n ’est pas mal
servi dans les bôtels de Blacao.
L a v o liè re d e M. Béai.
« Nous sortîmes avec BI. Costé qui nous conduisit
cbez BI. Béai. Là se trouvait BI. Gernaërt, arrivé le matin
même de Canton. Nous lui fûmes présentés en même
temps q u ’à BI. Béai. Celui-ci, toujours fort aimable pour
les étrangers, nous fit le plus gracieux accueil e t s’empressa
de nous mo n tre r la magnifique volière qui lui
attire de nombreux visiteurs.
« Cette volière , la plus belle e t la plus riche qui soit
peut-être au m o n d e , mérite en effet toute l ’admiration
des voyageurs.
« BI. Béai y a réuni les oiseaux les plus rares et les plus
beaux, soit par leurs formes, soit p a r l’éclat de le u rp lu -
mage. Le plus remarquable de tous est un oiseau de Para
d is , le seul, dit-on, q u ’on ait ju sq u ’ici réussi à ap p rivoiser
; on l’estime onze mille francs. Nous l’avons
vu un p eu en d o rm i; mais lo rsq u ’il fait sa toilette au soleil
et jo u e avec sa magnifique queue , il est éblouissant
de beauté. .le n ’ai pas la p réten tio n de décrire les in nombrables
espèces plus ou moins précieuses qui s’éb a ttaient
en liberté dans le p e tit paradis te rre s tre que
BI. Béai leur a ménagé. Un naturaliste seul p o u rra it suffire
à cette tâche. Quant à moi, plus séduit p a r l’élégant
plumage de quelques-uns que p ar la rareté de beaucoup
d ’autres m oins éclatants p e u t-ê tre , je m e contentais d ’ad m
ire r, à côté du faisan doré connu de tous mes lecteurs,
h u it autres variétés de faisans toutes fort curieuses :
le c anard man d arin aux brillantes co u leu rs , la to u rte relle
au coup de p o ig n a rd , d o n t la poitrine , blanche
comme to u t le reste du corps, porte à l’en d ro it du coeur
une tache de sang figurée p a r quelques plumes d ’un
rouge vif; mille autres oise au x , enfin, d o n t un seul fera
it l’orn em en t d ’une moins riche collection.
« La volière principale, d ’une étendue et d ’une élévation
très-considérable, est divisée en deux parties. D’un
c ô té , de grands arbres, des arbustes touffus, des buissons
de fle u rs , de frais g a z o n s, toutes les richesses que
la n atu re offre aux oiseaux en liberté se tro u v en t groupées
dans l ’enceinte grillée d o n t le feuillage empêche de
distinguer le fin treillis. Dans l’au tre partie s’élève, du
sein d ’un vaste bassin, un bloc de ro ch e r aux flancs tapissés
de mousse. Une grotte pratiquée dans le roc sert
B o n ite . — R e la tio n d u vo y a g e . T om e l l î . 1 1