Lue (liiiioile irès-élevée el ouverte par-devaul régnait
sur 1 arrière de la frégate. La p o u p e, les bouteilles et la
poulaine, surchargées de sculjilures e id e peintures d ’un
goût b iz a rre , faisaient un effet (|ui devait paraître gro-
te.s(|ue à des yeux européens. Le bâtiment était d ’ailleurs
Irès-gondolé et sa ¡ibysionomie extérieure ne rappelait
pas mal nos consli uctions navales du temps de Louis XIV'
ou de Louis XV. Ou jirétend au surjiius (|ue les frégates
de Cocbincbine ont été construites sur le modèle d ’un
ancien navire de commerce français.
Après avoir tout vu à b o rd de la première fré g a te , les
oificiers français, accompagnés du m andarin lettré d ’Hué-
fo u , allèrent visiter la seconde appelée l’Aigle. Us y furent
reçus avec le même cérémonial e lle m ême empressement;
mais ils n ’y virent rien de nouveau. Comme sur la p re mière
frégate , les logements du capitaine et des officiers
occupaient l’arrière de la batterie. C’étaient de jietites
cellules au nombre de s ix , garnies d ’une natte pour
tout m e u b le , et dans cbacune desquelles se trouvait un
sabord. Elles donnaient toutes sur un carré commun ,
dans lequel on ne voyait aussi q u ’uue natte. La pagode
ou autel des dieux protecteurs du bâtiment occupait
l’arrière du carré.
Les deux frégates devaient p a rtir le soir même p o u r
Sincapour. Ce ([ii’il y avait de plus fâcheux p o u r nos
voyageurs, c’est que M. Vanier partait aussi avec elles.
M. Vaillant le regrettait vivement; car il p erda it en lui
non-seulement un fidèle inte rprè te , mais surtout un
bon co in p alrio le , do n t les sympathies n 'étaient pas douteuses
et qui lui avait été d ’uu grand secours , jusqu’à
ce mom en t, dans ses rapports avec les Cocbiiichiuois.
E n c o r e n n in a n d i i r in !
Pen d an t que le commandant et les olficiers de la Bonite
se trouvaient encore sur la frégate l’Aigle, on vit arriver
le mandarin de T o u ran e , suivi d ’un autre inaudarin
d ’assez minc e apparence (ju’il s’empressa de présenter
à M. Vaillant. Celui-ci ne fit pas d ’abord grande attention
au nouveau venu ; mais , au moment où il allait se retire r,
BI. Vanierle prévint que ce p ersonnage é ta itu n envoyé du
roi, venu tout exprès d ’Hué-fou p o u r visiter la Bonite,
p ren d re des renseignements sur to u t ce qui concernait
sa mission et re to u rn e r le soir même à Hué-fou; que,
sur son ra p p o rt, le roi enverrait probablement un jier-
sonnage officiel pour demander à BI. Vaillant le véritable
m o tif de son voyage et lui notifier les ordres de la cour.
Dûment averli, BI. Vaillant en re to u rn an t à son bord
s’attenda it à y être bientôt suivi p a r les deux mandarins.
Son attente ne fut point trompée. U fil au nouveau venu
l’accueil le plus poli, comme à un homme qui lui était
présenté par un de ses amis ( c ’était ainsi q u ’il qualifiait
le mandarin de T o u ra n e ); il lui moiilra la corve tle, lui
offrit une collation et le vil jiarlir fort satisfait.
B o l l i t e . — Relation du voyage. T o m e 111.