(lifficiillé. La corvette n'avail désormais q u ’à forcer de
voiles, afin d ’atteindre l’île .larva et les Sambillaiigs, entre
les(|uelles elle devait passer pour arriver ensuite sur les
cotes de fiulo-Pinang. Llle marcba toute la n u it suivante,
changeant souvent d ’allures et m anoeuvrant incessamment
à cause des variations de la brise , mais sans se d é tourne r
de sa route. Le tenqis était orageux plus que les nuits précédentes
; le to n n e rre grondait sans relâcbe et les éclairs
brillaient sur tous les points de l’horizon. Au jo u r ieciel
s ’éclaircit. Les premiers rayons du soleil m o n trè re n t, en
avant du n a v ire , d ’un côté l’île ,larva et de l ’autre les
Sambillaiigs, qui furent dépassées dans la matinée. Pulo-
Dinding, jilacée douze ou quinze milles plus h au t le long
de la côte malaise, p arut aussi, au moment du coucher
du so le il, mais en arrière de la Bonite.
Le lendema in, 2 m a rs, on vit enfin P u lo -P in a n g ;
quelques beures plus ta rd on était à dix milles de ses
côtes. Cette île est séparée du con tin en t p ar uu canal
assez é tro it, et c’est sur le riv ag e , baigné par les eaux du
c a n a l, que se trouve Georges-Town, cbef-lieu de la colonie.
On peut y arriver, eu en tran t dans le d é tro it,
soit par le S ., soit p a r le N .; mais la passe du S. est
étroite et difficilement praticable p o u r les navigateurs
qui ue connaissent [las parfaitement les localités. Il fallait
donc que la Bonile fit le tour de l’île afin d ’entre r par la
jiasse du N.
La journée suffit à jieine pour atteindre la pointe septentrionale
de l’ile. A bu it beures du soir, tandis que la
corvette la contournait à deux ou trois milles de d is tan c e ,
le calme et les courants forcèrent de mouiller. Mais le lendemain
nos voyageurs, après avoir adm iré, en jiassant le
long de la cô te , les frais jiaysages de Pulo-Pinang et l ’as-
jiect jiittoresque de ses nombreux villages malais, (jue
cachent à demi des bois de cocotiers et d ’areckiers , a rrivèrent,
à leur grande satisfaction , devant Georges-Town.
Ils laissèrent tombe r l’ancre à uu mille et demi du fort
Cornwallis.
P h o s p h o r e s c e n c e d e la m e r .
Pendant la nu it qui précéda leui' a rriv é e , ils avaient
J 1 U jo u ir d ’un magnifique sjiectacle que je n ’ai jias la jiré-
tention de jie indre, mais que se représenteront jieul-êlre
ceux qui o n t eu l’occasion d ’admirer quelquefois le
jitiénomène encore inexjilicjué de la jibosjiliorescence de
la mer.
Dès la chute du j o u r , les baromètres et l’aspect du ciel
annonçaient une nuit orageuse. Elle le fut eu effet jilus
q u ’aucune autre de celles q u ’ils avaient jiassées dans le
détroit. Un voile sombre dérobait la vue du firmament,
et des lourds nuages que déchirait la foudre tombaient
des torrents de jiluie. Au milieu de l’o b sc u rité , la mer
seule brillait de mille feux. Sou aspect était celui d ’uiie
immense napjie d ’a rg e n t, où scintillaient d ’innombrables
étoiles ; cbaque goutte d ’eau qui tombait du ciel faisait
jaillir une étincelle; tandis q u ’une myriade de petits
corjis lumineux se croisaient en tous sens avec iine jiro